G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur: série noire
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samedi 31 mai 2025

Lu


 Pierre Siniac, Les sauveurs suprêmes. Le livre est publié dans la Série noire mais il ne s’agit pas d’un roman noir. Je m’attendais à une sorte de polar à la française du genre Léo Mallet avec ambiances banlieusardes glauques et ton célinien. En fait, pas du tout. On a affaire à un récit de guerre très bien documenté. Trois paumés errants au milieu des décombres dans l’Italie de la fin de la deuxième guerre mondiale se retrouvent un peu par hasard réunis pour une mission : libérer un chef de la résistance antifasciste aux mains des SS qui s’apprêtent à le fusiller avant de battre en retraite devant la progression des Alliés. Le ton est assez original. Pas d’héroïsme idéalisé mais au contraire trois bonhommes assez minables motivés par une seule chose : l’appât du gain (on leur a promis une très grosse récompense). Siniac mène le récit d'un main de maître. 

samedi 26 avril 2025

Retraduire


Le livre de Paul Cain est traduit par
 Jacques-Laurent Bost et Marcel Duhamel en personne. La version française est agréable à lire, épurée, efficace, précise. D’où la surprise en découvrant une erreur incompréhensible. A un moment, les personnages doivent attendre quelqu’un dans une chambre d’hôtel. Le héros fait un somme tandis qu’un comparse a trouvé un « livre comique » pour s’occuper. Ce qui ne veut pas dire grand-chose. Il s’agit plutôt d’une bande dessinée (comic book). Il y avait pourtant un indice un peu plus loin : le personnage dit au héros que sa lecture lui a plu et qu’il aurait adoré « dessiner des caricatures ». Cette faute justifierait à elle-seule que le roman fasse l’objet d’une nouvelle traduction. Ce serait l’occasion d’actualiser certains dialogues alourdis par un argot vieillot qui sonne étrangement « tontons flingueurs ».

vendredi 18 avril 2025

Série Noire


 « Lorsque Kells rangea sa voiture dans la quatrième Rue entre Broadway et Hill Street, les réverbères électriques et les enseignes lumineuses commençaient juste à s’allumer. Il entra dans l’immeuble qui faisait le coin, monta au troisième et longea le corridor jusqu’à une fenêtre donnant sur la Cinquième Avenue. Il resta quelques minutes devant la fenêtre à surveiller le va-et-vient sur le trottoir d’en face. Puis il retourna à la voiture. »

Si on me demandait ce que j’ai fait de ma semaine ? A part être assommé par une grippe (ou un covid grippal), j’ai commencé la lecture de A tombeau ouvert, un polar de Paul Cain cité par Manchette comme l’un de ses préférés parmi les classiques de la Série Noire. On comprend vite pourquoi. Le style purement « behavioriste » est ici utilisé avec une grande rigueur. On chercherait en vain la moindre notation psychologique, la moindre évocation des émotions ou de la vie intérieure des personnages. Et c’est très beau.

mardi 1 avril 2025

Grand écrivain

Jim Thompson n’est pas seulement un auteur de la Série Noire. C’est également un écrivain punk avant l’heure et qui pousse très loin dans l’assaut contre les valeurs de la société de son temps - qui sont également les nôtres puisque rien n’a fondamentalement changé depuis les années cinquante. Heureusement que les censeurs de tous poils ne mettent pas leur nez dans ses romans. Mais il ne faut pas croire que Thompson se contente d’accumuler les provocations. C’est également un excellent scénariste ménageant des zones d’ombres, des surprises et des coups de théâtre autour des diverses morts violentes qui parsèment ses intrigues, dans la grande tradition du roman noir américain (ça, on garde).

 

 

lundi 31 mars 2025

L'art du portrait


 « Constance Wakefield... La quarantaine, un mètre soixante-dix ; dans les cinquante kilos.

Elle était tout en longueur ; longues jambes osseuses, longs poignets frêles, longues mains décharnées. Une de ces femmes tout d’une venue qui évoquent irrésistiblement le tuyau de poêle, sauf pour ce qui concerne la chaleur. Droite, distante. Myope et asthmatique.

Telle était Constance Wakefield.

Je ne l’ai pas encore cataloguée et je doute jamais y réussir. Je ne peux affirmer, de façon absolue, s’il s’agissait simplement d’une femme cupide et naïve ou, carrément, d’un maître chanteur. »

Et un peu plus loin :

« Elle portait deux paires de lunettes, l’une sur l’autre. Sous les verres, ses yeux exorbités ressemblaient à des huîtres nageant dans leur eau. »

Jim Thompson, Monsieur Zéro

Quelque part sur la toile, quelqu’un a écrit que ce roman était un chef-d’œuvre. Je ne suis pas loin de le penser.