Bill Térébenthine dit que dans
ses dessins et ses peintures, il préfère les débuts, lorsque tout est ouvert,
plein de virtualités. C’est un peu la même chose lorsque je lis les premières
pages d’un livre et que celui-ci se présente bien. C’est le cas avec Exit le fantôme de Philip Roth. L’ouverture
est un modèle du genre, directe, implacable, parfaite. « Je n’étais pas retourné
à New York depuis onze ans. A part un bref séjour à Boston afin d’y subir
l’ablation de la prostate pour cause de cancer, j’étais, au cours de ces onze
années, à peine sorti de mon coin perdu dans les hauteurs des Berkshires et qui
plus est, depuis le 11-Septembre, il y a trois ans, j’avais rarement lu un
journal ou écouté les nouvelles ». C’est un plaisir de retrouver Roth, son
rythme, sa lucidité, son humour. Quand à la question de savoir pourquoi j’ai
envie de lire l’histoire d’un homme de 71 ans atteint d’un cancer, j’avoue ne
pas avoir d’explication. Il y a quelques années, le sujet m’aurait fait fuir. D’ailleurs,
j’avais évité de lire ce roman à sa sortie.