Que reste-il dans la mémoire de nos lectures passées au-delà d’un certain temps ? Dans mon cas, peu de choses : une
impression d’ensemble, le souvenir de moments plus ou moins agréables (les
meilleures expériences de lecture s’oublient rarement). Mais, s’agissant des
romans et des nouvelles, il me revient relativement peu de scènes précises, de détails de
descriptions ou de portraits. D’où l’intérêt de relire les livres qui ont compté, de s'y replonger. J’y pensais au sujet d’un texte de Julien Gracq intitulé La Presqu’île. Il est indiqué tout à la fin « achevé d’imprimer en février 1991 ». C’est probablement l’été de
cette année-là ou peu de temps après que j’ai acquis le livre lors de vacances
sur les lieux où se déroule le récit, en Bretagne. Le souvenir que j’ai conservé de cette lecture plus de 30 ans plus tard est comme une scène tirée d’un film. Un homme
seul roule en voiture en direction de la côte. Il devine à certains détails du
paysage (végétation, lumière, sensations diffuses) qu’il s'approche du rivage. La
mer apparait soudain au détour d’un virage. L’homme gare son véhicule puis baisse la vitre
pour laisser entrer l’air du large dans l’habitacle. Il allume une
cigarette et se plonge alors dans la contemplation des vagues.
lundi 1 septembre 2025
Souvenirs de lectures
vendredi 18 juillet 2025
Lectures d'été
Lectures d’été. Je termine Yoga, même si l’auteur m’irrite toujours avec ses vantardises (savez-vous qu’il est capable d’identifier dès les premières notes les morceaux diffusés sur France Musique ?). Je viens de commencer le Journal de Matthieu Galey. Premier contact, très agréable. Je sais déjà que je le lirai régulièrement avec plaisir sur la durée. Et puis, le soir venu, avant de m’endormir, il y a Montaigne. Je ne dirai pas que c’est un excellent somnifère mais ça détend. Il y a quelque chose d’apaisant dans ces propos mesurés, ce relativisme soft. On comprend pourquoi tout le monde l’apprécie. Cette unanimité me l’a longtemps fait paraitre suspect. J’avais tort.
lundi 3 février 2025
Fin et début
Sur un parking où j’attendais,
j’ai lu les dernières pages de la Montagne
magique. La guerre est déclarée. C’est la panique dans le sanatorium. Hans Castorp
redescend dans le « pays d’en bas » pour y faire son devoir. On le
retrouve avec son bataillon de jeunes soldats se lançant vers l’ennemi dans la
boue et sous la mitraille. La description est précise, les détails terribles.
Le narrateur nous confie que son personnage a très peu de chance d’en
réchapper. C’est pourquoi il choisit de le quitter là et de laisser la suite
dans le flou. A la fin d’un tel roman, qui vous a accompagné si longtemps, on
reste un peu sonné. Et on se demande quoi lire après. J’ai ouvert Médecine générale de Cadiot mais je ne
suis pas entré dans ce doux délire qui m’a semblé assez gratuit. Finalement, j’ai
choisi le confort en commençant un Maigret.
lundi 20 janvier 2025
Lu : L'Or de Blaise Cendrars
Cendrars c’est le bavard un peu
éméché qui a toujours des histoires incroyables mais garanties authentiques à
vous raconter. Le bar se vide, il va bientôt fermer. Mais rien ne peut
interrompre Cendrars quand il est lancé, surtout s’il s’agit de l’épopée
hallucinante du général Johann August Suter. Tout est excessif et démesuré chez
ce personnage, ses succès grandioses comme ses ruines soudaines. Pressé par
l’heure de la fermeture, Cendrars fait défiler le film en accéléré et sans
temps mort. Ce qui ne l’empêche pas d’aligner des énumérations poétiques qui
font rêver le lecteur à tous les coups. Avec Cendrars, on ne s’ennuie jamais.
mercredi 15 janvier 2025
Comment ça va ?
"Comme si un démon s'était emparé du pouvoir, un démon dangereux et bouffon, qui depuis longtemps avait joué un rôle assez important, mais qui venait de proclamer son autorité sans réserves, inspirant une terreur mystérieuse et suggérant des pensées de fuite, un démon qui avait nom : hébétude."
Thomas Mann, La Montagne magique
Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence.
jeudi 9 janvier 2025
Trouvé par hasard un texte de Burroughs sur le plagiat posté en juin 2006 sur le blog de Lucien Suel ACADEMIE 23. Je suis allé voir dans la bibliothèque s’il n’était pas inclus dans le volume des Essais publiés chez Bourgois. Je n’ai pas eu à chercher longtemps. Sur le blog, le texte s’appelle « Le Plagiat ». En parcourant le sommaire des Essais, j’ai rapidement repéré un titre, « Les voleurs », qui semblait correspondre. C’était lui dans une autre traduction (celle de Gérard-Georges Lemaire). Burroughs y défend le droit et même selon lui la nécessité, pour l’écrivain, d’emprunter des fragments un peu partout : conversations entendues, films, émissions, journaux, magazines, romans, etc. La démarche est résumé par Burroughs dans une délicieuse formule : « Tout appartient au voleur inspiré et consciencieux. »
mercredi 8 janvier 2025
Début 2025
Premier film de l’année : Rio Lobo, Howard Hawks, 1970.
Lecture : suite de La montagne magique dont on fêtera le centenaire cette année.
Chanson : No Reply (sur l’album Beatles For Sale)