Que reste-il dans la mémoire de nos lectures passées au-delà d’un certain temps ? Dans mon cas, peu de choses : une
impression d’ensemble, le souvenir de moments plus ou moins agréables (les
meilleures expériences de lecture s’oublient rarement). Mais, s’agissant des
romans et des nouvelles, il me revient relativement peu de scènes précises, de détails de
descriptions ou de portraits. D’où l’intérêt de relire les livres qui ont compté, de s'y replonger. J’y pensais au sujet d’un texte de Julien Gracq intitulé La Presqu’île. Il est indiqué tout à la fin « achevé d’imprimer en février 1991 ». C’est probablement l’été de
cette année-là ou peu de temps après que j’ai acquis le livre lors de vacances
sur les lieux où se déroule le récit, en Bretagne. Le souvenir que j’ai conservé de cette lecture plus de 30 ans plus tard est comme une scène tirée d’un film. Un homme
seul roule en voiture en direction de la côte. Il devine à certains détails du
paysage (végétation, lumière, sensations diffuses) qu’il s'approche du rivage. La
mer apparait soudain au détour d’un virage. L’homme gare son véhicule puis baisse la vitre
pour laisser entrer l’air du large dans l’habitacle. Il allume une
cigarette et se plonge alors dans la contemplation des vagues.
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lundi 1 septembre 2025
Souvenirs de lectures
lundi 28 juillet 2025
1975 (suite)
La vieillesse est un massacre pour les souvenirs. Alors que l’été 75 fut
celui des découvertes et des révélations concernant les filles de notre âge ou même
un peu plus âgées, envisagées enfin de près et sous tous leurs aspects, ce qui subsiste
à la surface de la mémoire ce sont de longues poses en terrasse au retour de la
plage avec en fond sonore le tube de cet été lointain. C’est comme ça, avec
l’insouciance : elle ne peut pas laisser derrière elle des souvenirs précis.
Elle profite des images qui se présentent : corps dénudés, bronzage
intégrale, seins nus couverts de gouttes d’eau après la baignade, une chanson
de Joe Dassin. C’est peu.
vendredi 14 février 2025
Au carrefour du temps
Il y a des physiciens qui assurent que le temps n’existe pas. S’il s’agit d’une illusion, alors elle terriblement tenace. On peut en revanche tenter de s’évader momentanément de ce présent pesant où, comme chantait Lou Reed, tous les politiciens émettent des cris insensés et tout le monde rabaisse tout le monde. Comment ? En suivant le mode d’emploi qui se trouve dans les écrits d’André Hardellet. Ce qui frappe en le lisant, c’est la précision de ses souvenirs d’enfance. « Les cris des martinets ou le choc étouffé du marteau chez le menuisier, j’en ressuscite quelquefois le timbre exact, à force de patience, dans ma nuit sourde, et cette vérité me frappe ; rien n’a disparu. » Cela ne marche à tous les coups et l’IA ne pourra pas vous aider. Il faut de la patience, beaucoup de patience. L’insomnie de trois-quatre heures du matin peut être un moment propice.
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