G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur: Cravan
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vendredi 30 mai 2025

L’art de la lettre d’injures

 

On apprend, en lisant les Considérations sur l'assassinat de Gérard Lebovici, que celui-ci avait laissé des notes manuscrites pour le plan d’un livre intitulé Tout sur le personnage. A propos de l’activité d’écrivain de Lebovici, Debord précise : « Allant au plus pressé, c’est par la lettre d’injures qu’il avait commencé. » Il donne au passage une définition qui est aussi un mode d’emploi de ce qui est selon lui « une sorte de genre littéraire ». Debord reconnait avoir, sur ce point, « appris beaucoup des surréalistes et, par-dessus tout, d’Arthur Cravan. » La seule difficulté réside, selon lui, dans le fait d’être en droit de les écrire « à l’occasion, pour certains correspondants précis. » Car il importe que ces lettres ne soient jamais « injustes ». Dans un entretien, Manchette racontait qu’il en avait reçu une de Lebovici qui l’avait grandement affecté dans un premier temps. Par la suite, elle lui avait parue parfaitement justifiée.


mercredi 26 février 2025

De la désinvolture


Je n’ai lu aucun livre de Philippe Jaenada. Il s’intéresse aux jeunes gens qui trainaient au café Chez Moineau, ce qui est plutôt sympathique. En revanche, lorsque je lis que cet écrivain aimerait « tendre vers la désinvolture », je crois sentir une contradiction gênante. La désinvolture implique une sorte de dégagement ainsi qu’une absence apparente d’effort. Elle est une forme de grâce qui ne peut s’apprendre et ne peut en aucun cas être atteinte par un entrainement aussi acharné soit-il. Cravan, Vaché, Rigaut, Duchamp, pour citer quelques figures célèbres, n’ont probablement pas été désinvoltes à chaque minute de leur existence mais leur élégance et leur détachement a frappé durablement ceux qui les ont connus.