Lecture intéressante d’un article de Martin Amis paru en 2016 qu’on peut trouver dans un recueil intitulé La Friction du temps. Dans ce reportage consacré à la campagne électorale menée par celui qui venait de remporter la primaire républicaine et allait accéder à la présidence pour un premier mandat, Amis envisage le cas sous l’angle de la maladie mentale. Il se base principalement, pour établir son diagnostic, sur la lecture des livres signés par le candidat. Après avoir décrit la manière dont l’agent immobilier s’y prenait pour racheter des logements à bas prix, il écrit : « Trump a le nez pour renifler les corps plus assez forts ni agiles pour éviter la prédation. Il a usé de la même tactique avec l’usine à gaz qu’est devenu le Grand Old Party, dont les salariés ne l’ont pas vu venir alors qu’il s’infiltrait parmi eux, et dont aujourd’hui il chevauche les ruines. La question est : peut-il faire la même chose avec la démocratie américaine ? » Vu du point temporel où nous nous situons, nous sommes en mesure de répondre par l’affirmative.
samedi 14 juin 2025
jeudi 10 avril 2025
Le plus important
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Bill Térébenthine |
"Question : Au début de la première présidence Trump, dans De la
tyrannie, vous listiez vingt enseignements que nous lègue le passé pour lutter
contre l’avènement d’un régime autoritaire. Lequel vous semble plus important à
l’heure actuelle ? Réponse : Le plus important est le suivant : n’obéissez pas à
l’avance. Vous ne pouvez pas résister si vous vous conformez à ce que les
autres font attendent de vous sans avoir pris la peine de forger votre propre
définition de ce qui est normal et moral. Vous allez vous engager dans cette
direction, puis vous justifier de le faire, et là c’est la fin." A la limite, dans le but de garder
clairement à l’esprit le conseil de Snyder, on peut s’en tenir à une formule simple
et concise : « N’obéissez pas ». |
mardi 8 avril 2025
1975 again
En parcourant le numéro d’avril
75 de Rock & Folk je me dis que
l’âge d’or était terminé. C’était le creux de la vague. Rien d’excitant
n’apparaissait plus à l’horizon. Beaucoup de choses boursouflées, surestimées, frappées
d’obsolescence dès leur sortie (du genre Genesis et Yes). Les articles ne
retiennent pas mon attention ; je file à la rubrique « Disques ».
En ouverture, Physical Graffiti de
Led Zeppelin se fait hacher menu par Manœuvre. Cela tombe bien : je n’ai
jamais réussi à l’apprécier. Le groupe se résume pour moi à leur chef d’œuvre Led Zeppelin IV. Rock’n’Roll de John Lennon. Celui-là je l’ai écouté à sa sortie
grâce à mon beauf, un vieux rocker qui voulait m’initier à la musique de sa
jeunesse, celle des « pionniers ». Et j’ai adoré. Be-bop-a-lula, Stand By Me, Peggy Sue.
Les reprises de John dégagent une joie communicative. A mon humble avis, il n’y
a rien de tel que ce bon vieux rock des années 50 pour se remettre d’aplomb.
D’ailleurs, je vais me le mettre pendant que je poursuis ma lecture. Je pousse
le son. Qu’est-ce que ça fait du bien ! La bourse peut bien s’écrouler.
Let’s rock again ! Je reprends. Mahavishnu, Van Der Graaf Generator,
Tangerine Dream : beurk. A la poubelle, les déchets prétentieux. Tiens !
La BO de The Harder They Come. On découvrira cette merveille un ou deux ans
plus tard. Idem pour l’album Natty Dread
en « Import Givaudan ».
samedi 29 mars 2025
Rues vides
Dessin : Bill Térébenthine
Lu dans la presse locale : deux
boutiques, une de vêtements féminins et l’autre de jouets, ferment dans le
centre-ville. Les commerçants concernés font un constat amer : les rues
autrefois pleines de monde sont aujourd’hui désertes. « Les gens restent
chez eux », constate l’épouse du marchand de jouets. Le phénomène est relativement
inexpliqué, personne ne s’est encore penché dessus pour en éclairer les causes.
Dans les rues vides, le badaud, ce promeneur « curieux de tous les
spectacles de la rue et qui s'attarde à les regarder »* va se faire de
plus en plus rare. Il paraîtra suspect. Ne resteront que ceux qui n’ont pas le
choix : les propriétaires de chiens (dont je suis).
* Le Larousse
mercredi 26 mars 2025
1975 (suite)
Tel un artefact descendu de
l’espace, un nouveau trimestriel de bande dessinée apparut un matin. Il y en avait
une petite pile près de la caisse de la librairie-papeterie en face du lycée.
On prenait un exemplaire entre les mains, on le feuilletait avec curiosité. Sur
la couverture, un monstre signé Moebius nous montrait les crocs en hurlant (ou
en aboyant) dans notre direction. Après quelques BD en noir et blanc, les
premières pages d’ARZACH faisaient une forte impression. On restait un instant subjugué
par une forme inconnue de poésie visuelle. Puis on reposait le magazine sans l’acheter.
Trop cher. Trop nouveau. Trop beau. Un peu plus tard, nous allions nous y
plonger longuement.
vendredi 17 janvier 2025
Cadiot