Ce matin, après avoir lu un poème
de Carver où il était question d’une araignée, j’ai repensé à celle qui
apparaît régulièrement dans mon évier depuis quelques semaines. Je l’évacue à
chaque fois en faisant couler de l’eau et finit toujours par réapparaitre après
quelques jours. Elle doit s’arrêter au niveau du siphon puis remonter. Mais je
n’ai pas envie de penser aux tuyaux d’évacuation. Je préfère la considérer
comme une apparition, ce qu’elle est lorsque je la découvre immobile à côté de
la cuvette. Je pourrais l’extraire et la libérer dans le jardin. Quelques
verres d’eau et, prise dans un petit tourbillon, elle glisse en douceur dans
les canalisations. Je l’ai revue hier en rentrant des courses. Elle est
intacte. Les séjours dans les profondeurs ne semblent pas lui nuire. J’ai
l’impression qu’un début de complicité s’installe entre nous. Ce n’est pas plus
absurde que de devenir ami avec une IA.
mercredi 11 juin 2025
L'éternel retour
mardi 11 février 2025
Ceci n’est pas un outil
C’est ce que nous dit Damasio
dans un entretien sur notre relation avec l’IA. Il cite les propos qu’Ivan Illich
a tenus à propos de l’informatique vers la fin de sa vie. « Cet ordinateur sur la table n’est pas un
instrument. […] Un marteau, je peux le prendre ou le laisser. Le prendre ne me
transforme pas en marteau. Le marteau reste un instrument de la personne, pas
du système. Dans un système, l’utilisateur […], logiquement, c’est-à-dire en vertu
de la logique du système, devient partie du système. » Une étape a encore
été franchie avec l’IA selon Damasio. Il faut prendre ses marques dès
maintenant. Trouver sa propre stratégie de cohabitation avec l’IA. Ce qui revient
à se poser la question de la spécificité de l’humain en face d’une machine froide
qui ingère et recrache des datas. Il nous reste le corps, les sensations, l’imagination.
C’est probablement de ce côté que cela va se jouer.
lundi 10 février 2025
On n'arrête pas le progrès
Je lis dans le Nouvel Obs que les services d’IA
générative ont fait le tour de « la connaissance humaine disponible et que "leurs concepteurs sont à court de données sur lesquelles les entraîner". Déjà ? Des choses vertigineuses et souvent inquiétantes
parviennent à nos oreilles tous les jours mais là, on reste songeur. La
connaissance humaine, ce n’était donc que ça ? Ou est-ce l’IA qui l’a avalée
comme un goinfre avant de la recracher sans y insérer un poil de réflexion ou de création (ne parlons pas de poésie). Dans le monde qui arrive, les « données » sont un enjeu
stratégique de première importance. C’est grâce à elles, nous dit-on, que se gagnerons ou se
perdrons les guerres militaires, commerciales, culturelles. Autant dire qu’il
va falloir faire attention à ce qui est diffusé. Les petits soldats de l’IA
sont à l’affut, prêts à s’emparer de la moindre miette pour nourrir le Big
Robot bouffeur de données. Il faudra prendre le temps de tirer les conclusions
qui s’imposent une fois que le cerveau humain aura pris complètement conscience
de cette... donnée.