mardi 18 novembre 2025
Danser et chanter sur la montagne
samedi 23 août 2025
Lire aux toilettes
de la glace pour les aigles
Je me rappelle sans cesse les chevaux
sous la lune
je me rappelle lorsque je donnais du sucre
comme de la glace,
et ils avaient des têtes comme
des têtes
chauves d'aigles qui auraient pu mordre mais
n'en faisaient rien
Les chevaux étaient plus réels que
mon père
plus réels que Dieu
et ils auraient pu m'écraser les
pieds mais ils n'en ont rien fait
ils auraient pu faire toutes sortes d'horreurs
mais ils n'en ont rien fait.
J'avais presque 5 ans
mais je n'ai pas oublié ;
Ô mon dieu ils étaient forts et bons
Leurs grands coups de langue rouge
et baveuse venus de l'âme.
Charles Bukowski, Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines
mercredi 23 juillet 2025
Le livre de l'été 2025
J’aime la manière dont Alain
Chany a écrit L’Ordre de dispersion.
Cela fait du bien quand on lit cette prose tellement poétique qu’elle en
devient autre chose, une forme inconnue qu’on ne peut qu’entrevoir par moments,
dans une certaine disposition. Il s’agit, à ma connaissance, de l’une des meilleures
descriptions littéraires de ce que fut mai 68 par ceux qui l’ont vécu du bon
côté. J’aime sa façon d’aligner les mots, les phrases, les idées, à la manière
d’un jazzman revenant régulièrement sur son thème après avoir divagué en
liberté en dehors des clichés balisés. Au début du roman, le narrateur qui enseigne
la philosophie doit faire un discours de remise de prix dans l’établissement où
il enseigne. Extrait du discours :
« Nous fuyons la fuite et cela ne va pas tout seul : nous sommes en éveil
permanent, malgré ce qui peut paraître. Nous ne chanterons pas la romance qui
calme, ni le système engourdissant. Nous essaierons de faire des feux de joie,
malgré tout ; nous aurons donc beaucoup d’ennemis. » Le discours continue sur cette lancée. Il suscite un tollé d’indignation chez les parents d’élèves. Le directeur, qui est
un curé, explique au professeur que de tels propos ne peuvent être tolérés dans
un lycée privé très strict sur les valeurs morales. Le professeur de philosophie
et narrateur apprend qu'il est renvoyé.
mercredi 28 mai 2025
Un peu de poésie
The Laughing Heart
your life is your life
don’t let it be clubbed into dank
submission.
be on the watch.
there are ways out.
there is a light somewhere.
it may not be much light but
it beats the darkness.
be on the watch.
the gods will offer you chances.
know them.
take them.
you can’t beat death but
you can beat death in life,
sometimes.
and the more often you learn to
do it,
the more light there will be.
your life is your life.
know it while you have it.
you are marvelous
the gods wait to delight
in you.
Charles Bukowski
jeudi 22 mai 2025
Sollers, le lecteur
Je feuillette mon exemplaire légèrement jauni de La Guerre du goût. A Paris, je lisais ses chroniques dans le Monde des livres installé à la terrasse d’un café, avant d’aller à ma leçon de conduite. Je me tenais immobile dans le bruit des voitures qui passaient sur le boulevard. Un peu de vent agitait les feuilles des arbres et je découvrais la poésie classique chinoise. Cette citation d’un poème de T’ao Yuan-Ming (365-427) a probablement dû m’enchanter.
Je lis la chronique des temps très anciens,
Je regarde les images du vaste monde.
Je dis oui à l’univers. Si cela n’est pas
Le bonheur, où donc est le bonheur ?
Aujourd’hui, c’est un passage
d’une nouvelle de Scott Fitzgerald intitulée L’après-midi d’un écrivain qui a retenu mon attention :
« Il traversa la salle à
manger et il entra dans son bureau, aveuglé, un instant, par l’éclat de ses
deux mille livres, dans le coucher du soleil. Il était assez fatigué – il
allait s’allonger pendant dix minutes, et puis il verrait s’il pouvait démarrer
sur une idée dans les deux heures qui lui restaient avant le dîner. »
vendredi 9 mai 2025
La Grande Ourse
Effet Michon ? Une irrésistible envie s’est emparée de moi : remonter du côté de Rimbaud, vers la Grande Ourse, en passant (et oui !) par Sollers, l’un de mes critiques littéraires favoris. J’ouvre La Guerre du goût. « C’est l’été. Je suis à Long Island. Je relis les Illuminations, le livre qui restera lorsque plus personne ne se souviendra de rien. » (Y sommes-nous ?) « En ce temps-là, seuls quelques rares passants pourrons se promener dans l’après-monde comme s’il s’agissait d’un volume ouvert à chaque moment. Je vois des phrases, des mots, les syllabes me guettent, on dirait que les signes palpitent comme ce qui fut autrefois paysage et tableau. J’éteins la télévision. » (Aujourd’hui, on dirait l’ordinateur ou le téléphone). C’est parti. Direction Rimbaud. Je prends puis repose le livre de poche de mes 17 ans. Les pages se détachent et menacent de s’envoler. Je me rabats sur un livre de lycée (Garnier-Flammarion) plus austère. 17 ans, c’était le bon âge pour lire Sensation et La Saison en enfer. Je compte sur mes doigts. Aucun doute, cela se passait en 1975. Ce qui confirmerait l’existence d’un pont temporel quantique avec ce que nous appelons aujourd’hui ?
mercredi 22 janvier 2025
Un début d’année qui pue
Le chef du SPECTRE
A pris le pouvoir
Il est là pour nuire
Pour nuire et s’enrichir
Sous les acclamations
De ses supporters
Fanatisés
Des hordes de fanatiques
Avec des casquettes rouges
Sur le crane





