mardi 27 mai 2025
Signes annonciateurs
Dans un roman du XIXème comme Pierre et Jean de Maupassant qui se trouve actuellement sur ma table de nuit, le récit est parsemé de signes annonçant les évènements dramatiques à venir. C’est l’occasion pour le spécialiste qui a préfacé le roman de semer des notes au fil du texte en soulignant les récurrences de certains mots, de certains thèmes et en pointant des détails annonciateurs dissimulés dans le décor. On peut trouver le procédé un peu lourd et, finalement, assez peu réaliste. Jusqu’au moment où on repense à des scènes passées qui ont suscité un malaise inexplicable à l’époque et qui aujourd’hui résonnent de manière troublante, maintenant qu’on connait la suite. Les signes avant-coureurs existent donc en dehors des romans. Hélas, le plus souvent, nous n’avons pas su (ou voulu) les détecter.
jeudi 15 mai 2025
Scénario
Dans un court essai sur le roman,
Maupassant déclare que l’écrivain réaliste ne peut pas « tout raconter ».
« Il faudrait alors un volume au moins par journée pour énumérer les
multitudes d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence. »
Pour illustrer la nécessité de faire des choix, il prend l’exemple des
accidents. Beaucoup de personnes en meurent chaque jour. « Mais
pouvons-nous faire tomber une tuile sur la tête d’un personnage principal, ou
le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu d’un récit, sous prétexte
qu’il faut faire la part de l’accident ? » Je pense que ce serait une
excellente idée. Imaginons une scène de film ou de roman. Le personnage
principal est en train de parler avec un autre personnage. Soudain, il s’écroule
au milieu d’une phrase. Paf. Une balle perdue. Le tir d’un chasseur si les
personnages se promènent dans les bois ou bien un règlement de compte entre
bandes rivales s’ils marchent dans les rues d’une ville.
vendredi 25 avril 2025
Une issue
François Angelier, l’homme de Mauvais genre, trouve le réel «
d'un ennui sombre, tragique, bloqué, totalement sans intérêt » et il a
bien raison. Pour prendre un exemple au hasard, qu’y-a-t-il de plus borné et
prévisible qu’un agent immobilier ? Bref, le réel nous gonfle sérieusement
et le fait de le scénariser sur le modèle des mauvaises séries puis de le
diffuser non-stop sous forme d’info-spectacle n’y change rien. Ce sera toujours
« d'un ennui sombre, tragique, bloqué, totalement sans intérêt ». Heureusement,
on peut lire des nouvelles de Maupassant tendance fantastique et se laisser
entrainer du côté de cet « inconnu qui est derrière le mur, derrière la
porte, derrière la vie apparente ».