G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur: Hardellet
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vendredi 14 février 2025

Au carrefour du temps


 Il y a des physiciens qui assurent que le temps n’existe pas. S’il s’agit d’une illusion, alors elle terriblement tenace. On peut en revanche tenter de s’évader momentanément de ce présent pesant où, comme chantait Lou Reed, tous les politiciens émettent des cris insensés et tout le monde rabaisse tout le monde. Comment ? En suivant le mode d’emploi qui se trouve dans les écrits d’André Hardellet. Ce qui frappe en le lisant, c’est la précision de ses souvenirs d’enfance. « Les cris des martinets ou le choc étouffé du marteau chez le menuisier, j’en ressuscite quelquefois le timbre exact, à force de patience, dans ma nuit sourde, et cette vérité me frappe ; rien n’a disparu. » Cela ne marche à tous les coups et l’IA ne pourra pas vous aider. Il faut de la patience, beaucoup de patience. L’insomnie de trois-quatre heures du matin peut être un moment propice.

mercredi 12 février 2025

Lourdes, lentes

 

Dans les premières pages du roman d’André Hardellet, l’auteur se met dans la bonne disposition pour se laisser aller à une rêverie sans frein. « Presque chaque soir, vers neuf heures, je prends un bouquin et m’allonge sur mon lit. Souvent, j’abandonne vite ma lecture ; commence alors l’étendue d’immobilité et de silence apparents où je découvre ma totale liberté. » Ces mots résonnent lorsqu’on sait à quoi va être confronté le poète qui s’apprête à célébrer la beauté du corps féminin dénudé et le miracle  du plaisir partagé. Le livre est publié sous un pseudonyme par mesure de précaution (Hardellet était conscient du caractère subversif de sa démarche de dévoilement). Hélas, il tombera entre les mains d’un ministre de l’intérieur particulièrement sensible aux provocations : le sinistre Marcellin qui fut également responsable de l’interdiction de Hara-Kiri hebdo. En 1972, lors d’un procès éprouvant, notre censeur obtiendra gain de cause par l’intermédiaire d’un juge zélé particulièrement agressif envers l’écrivain « coupable d’atteinte aux mœurs ». La légende raconte qu’André Hardellet fut très affecté par cet épisode judiciaire. Le fait est qu’il mourut peut de temps après.