G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur: livre
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lundi 11 août 2025

Lecture d'été


 

Un livre de Laurent Cirelli intitulé Jacques Rigaut, portrait tiré. Voici comment l’auteur présente celui à qui il a choisi de rendre hommage. « Jeune homme doté d’une intelligence qualifiée de rare par ses amis, à commencer par André Breton, dont je ne m’aventurerai pas à mettre en doute la sûreté des jugements, armé d’un esprit extraordinairement clairvoyant et d’une grande beauté physique, il n’adhère pas à la vie et s’engouffre dans une voie sans issue. » On va dire que c’est ma conception du livre feel-good.

vendredi 25 juillet 2025

Les penseurs ruraux du temps passé


 

«  D’un air ravissant, il conclut : « Entre nous, la vie, somme toute, c’est une merde... mais une merde tellement formidable à vivre... » Ses traits signifièrent une fatigue aimable, une sagesse régionaliste. Il tira une bouffée de sa pipe en cep de vigne sûrement, vous savez, de ces grosses pipes qui se les emmanche l’air de tout entériner, de tout comprendre, de tout admettre – dans le doute -, de tout assimiler – dans la patience – et de tout aimer ou presque – dans la connaissance. » (Alain Chany, L’Ordre de dispersion) On en a croisé des comme ça dans les années 70lorsqu’on traversait en faisant du stop des zones désertiques de la campagne française. Ils étaient les seuls à s’arrêter dans leur 2CV ou leur 4L. Barbus, rugueux, silencieux au début, ils devenaient bavards lorsqu’ils allumaient leur pipe au coin du feu pour une petite soirée philosophico-politique sur le thème inévitable de la fin de notre civilisation à plus ou moins court terme. Il fallait écouter et relancer. En échange de l’hébergement.  

mercredi 23 juillet 2025

Le livre de l'été 2025

 

J’aime la manière dont Alain Chany a écrit L’Ordre de dispersion. Cela fait du bien quand on lit cette prose tellement poétique qu’elle en devient autre chose, une forme inconnue qu’on ne peut qu’entrevoir par moments, dans une certaine disposition. Il s’agit, à ma connaissance, de l’une des meilleures descriptions littéraires de ce que fut mai 68 par ceux qui l’ont vécu du bon côté. J’aime sa façon d’aligner les mots, les phrases, les idées, à la manière d’un jazzman revenant régulièrement sur son thème après avoir divagué en liberté en dehors des clichés balisés. Au début du roman, le narrateur qui enseigne la philosophie doit faire un discours de remise de prix dans l’établissement où il enseigne. Extrait  du discours : « Nous fuyons la fuite et cela ne va pas tout seul : nous sommes en éveil permanent, malgré ce qui peut paraître. Nous ne chanterons pas la romance qui calme, ni le système engourdissant. Nous essaierons de faire des feux de joie, malgré tout ; nous aurons donc beaucoup d’ennemis. » Le discours continue sur cette lancée. Il suscite un tollé d’indignation chez les parents d’élèves. Le directeur, qui est un curé, explique au professeur que de tels propos ne peuvent être tolérés dans un lycée privé très strict sur les valeurs morales. Le professeur de philosophie et narrateur apprend qu'il est renvoyé.


lundi 21 juillet 2025

Martha


 

Je finis la lecture de Yoga et Carrère continue à m’amuser. Exemple, vers la fin du livre, le narrateur est dans une île grecque, seul, dépressif. Il touche le fond. Même dans cet état, il trouve encore moyen se vanter. Susanna, une jeune femme qu’il a essayé de draguer, est partie. Elle lui avait expliqué qu’elle suivait un cours de creative writing avec Alessandro Baricco. Extrait : « J’ai failli demander à Suzanna de saluer pour moi Baricco, que je connais un peu, mais me suis abstenu de ce name-dropping qu’il est à mon honneur de n’avoir pas utilisé dans ma vaine tentative de séduction. » C’est un tour de force : réussir dans la même phrase à glisser qu’on connait un célèbre écrivain italien et qu’on a eu l’élégance de ne pas le mentionner alors que cela aurait pu s’avérer un outil efficace pour parvenir à ses fins pour finalement réclamer une petite dose d’admiration de la part du lecteur en raison de ce remarquable effort de modestie. Soyons juste : il y a quelques bonnes pages sur la Polonaise Héroïque et une excellente description qui m’a donné envie de revoir la vidéo Martha Argerich la magnifique.

jeudi 17 juillet 2025

Autosatisfaction

 

Si Emmanuel Carrère m’avait confié la lecture de son manuscrit je lui aurais expliqué que son texte avait beaucoup de qualités, dont celle de passer systématiquement en revue les motifs d’irritation que sa prose peut susciter chez le lecteur. Mais ce n’est pas une raison pour tout garder. J’aurais probablement coché des passages à élaguer ou à supprimer. Le portrait de M. Ribotton, pauvre petit prof pitoyable, est une réussite. En revanche, les souvenir complaisants de l’ancien élève du lycée Janson auraient gagné à disparaître. Ils présentent un intérêt uniquement pour ceux qui ont grandi dans seizième. Je crois que ce qui rend certains passages pénibles, c’est l’énorme autosatisfaction qui s’en dégage. Même lorsqu’il évoque son discours pour l’enterrement de son ami Bernard Maris, il ne peut pas s’empêcher de préciser qu’il pense avoir été bon.


lundi 14 juillet 2025

Yoga


 

Pour l’instant (j’en suis au premier tiers environ), le livre d’Emmanuel Carrière a pour sujet la méditation à travers le récit d’un stage intensif d’une semaine. D’autres péripéties sont annoncées. Premier bilan : Carrère est un excellent raconteur et un bon écrivain. On ne s’ennuie pas et on sourit souvent. La méditation est un sujet qui m’intéresse depuis longtemps. Je n’ai jamais réussi à me plier complètement à la posture règlementaire. Comme je ne voulais pas non plus renoncer aux bienfaits de cette pratique ancestrale, j’ai mis au point mon yoga à moi. L’important est d’être assis sur le sol. Peu importe ce qu’on fait de ses jambes mais une fois installé, il faut essayer de bouger le moins possible. Je trouve que la musique est un excellent support. Le choix influe sur la qualité de la séance. En ce moment, je passe les enregistrements des sessions d’enregistrement des Stones vers 77-78 à Paris. Les morceaux qui s’étirent ressemblent aux ragas indiens dont Carrère dit qu’ils « vous immergent dans une immobilité qui rayonne en tous sens, en sorte qu’on ne sait jamais où on en est et qu’on est en même temps toujours au centre. »

samedi 12 juillet 2025

Monologue

 


Je lis une recension de La Somnolence, premier roman de Jean-Pierre Martinet qui ressort ces jours-ci. Le livre suit la logorrhée d’une femme de 76 ans qui vocifère en ne s’adressant à personne précisément. Cela m’a fait penser au dingo qu’on entend souvent parler tout seul en déclamant lorsque nous passons devant son pavillon avec le chien. Il se déclenche sans se montrer sur son perron, juste après notre passage, ce qui fait qu’on ne distingue pas clairement ses propos. Une fois, il était question des déjections des chiens qui répandent des bactéries. Difficile de ne pas se sentir visé avec notre toutou en laisse. La dernière fois, j’ai saisi la fin d’une tirade où il était question des « personnes sournoises qui arrivent par derrière sans prévenir, ça suffit ! » Pour ce que j’en entends, cela ressemble des discours revendicatifs relativement articulés. Ils sont déclamés sur un ton assez retenu (pas de cris ou d’insultes) avec des effets oratoires, des haussements de ton indiquant l’indignation.


vendredi 27 juin 2025

Esprit

Barbey par Nadar

 En 1850 Le Dessous de cartes d'une partie de whist parut en feuilleton, en trois parties, dans le journal La Mode — la Revue des deux Mondes l'ayant refusé (Wikipédia). Déjà à cette date, Barbey considérait l’art de la conversation, « cette fille expirante des aristocraties oisives », comme une chose du passé. Le salon d’une baronne pour laquelle le narrateur manifestait la plus grande admiration constituait le dernier refuge de l’Esprit. « C’est là que chaque soir, écrit l’auteur, jusqu’à ce qu’il se taise tout à fait, il chante divinement son chant du cygne. » Et Barbey précise un peu plus loin, pour décrire cet art de la causerie : « Rien n’y rappelle l’article du journal et le discours politique, ces deux moules si vulgaires de la pensée, au dix-neuvième siècle. »

mercredi 25 juin 2025

Relecture


 Allez savoir pourquoi, j’ai soudainement eu envie de relire un vieux bouquin de ce cher Bukowski. Pas un recueil de poèmes, plutôt la prose narrative. J’ai pensé à Women que j’avais emprunté dans une bibliothèque à l’époque où j’étais fauché. La question en arrière-plan était « N’aurions pas légèrement surestimé l’écrivain en raison de sa personnalité et la faiblesse de la concurrence ? » Le temps a passé, l’auteur nous a quitté ; c’est le bon moment pour une réévaluation. Verdict : ça tient plutôt bien la route. Le dosage entre détails réalistes et distance imprégnée d’humour fait passer cette succession de rencontres jamais parfaitement harmonieuse (c’est l’aspect réaliste) mais pas complètement nulles non plus (c’est la goutte d’optimisme). L’écriture est efficace. Les phrases coulent toute seules et vous entrainent à chaque page. Les scènes de disputes et de sexe sont répétitives, comme dans la vie. Elles évoquent parfois des souvenirs. Et puis je redécouvre à quel point Bukowski est un bon dialoguiste. Tout y est dans les scènes de couple : la jalousie, les enjeux de pouvoir, la tendresse qui se faufile à travers les sacs de sable, les souffrances accumulées, sans oublier le désir et les besoins corporels.

mardi 17 juin 2025

Dialogue

 

— La manière que tu as de te précipiter dans ton fauteuil dès que tu en as l’occasion pour te plonger dans ton livre a quelque chose de désobligeant.

— Les discours qui prétendent encourager la lecture sont des faux semblants. Les lecteurs ont toujours dû se cacher pour s’adonner à leur plaisir.

 — Pourrais-tu me dire ce qu’il y a de si captivant dans ce que tu lis en ce moment ?

— Je ne suis pas critique littéraire mais je peux te lire un passage de ce roman de Nabokov. Nous sommes près de la fin. Le narrateur a reçu un télégramme lui annonçant que Sebastian Knight est sur le point de mourir. Il s’est précipité dans un train pour se rendre sur place, à la campagne. Extrait : « Parmi les nuages beige, il y en avait un couleur chair, et, dans le solitude tragique des champs dénudés, les plaques de neige en dégel se coloraient d’un rose mat. Une route surgit et glissa durant une minute le long du train, et juste avant qu’elle ne disparût à un tournant, on vit un homme à bicyclette y zigzaguer parmi la neige et la fange et les flaques. Où allait-il ? Qui était-il ? Personne ne le saura jamais. »

— Et ?

— Quand je tombe sur un passage comme celui-ci, j’imagine Nabokov peaufinant sa description sur l’une de ses fameuses fiches jusqu’à obtenir la clarté et la précision souhaitée. Je précise que ce trajet en train est présenté par le narrateur comme particulièrement pénible, le wagon est bondé, les voyageurs sentent mauvais et il craint d’arriver trop tard à destination.

— Et si nous instaurions un nouveau rituel. Tu me lirais de temps en temps un passage que tu as particulièrement apprécié.

— Validé.

jeudi 12 juin 2025

Avec Nabokov

 

Je me souviens avoir commencé par Lolita sur les conseils d’une fille à qui je venais de raconter le scénario de ma bande dessinée. J’avais 24 ans, des projets grandioses, et je travaillais comme veilleur de nuit dans un hôtel pour payer les pâtes et les cigarettes. Le roman de Nabokov m’avait aidé à tenir jusqu’au bout de la nuit derrière mon bureau de la réception. J’attendais ce moment. Et puis il y eut la période Ada ou l’ardeur qui fut assez longue (le roman est épais et je lis lentement). J’ai le souvenir d’une narration virtuose d’une liberté folle dans laquelle j’aimais me perdre. En ce moment, je lis avec un grand plaisir La vraie vie de Sebastian Knight, son premier roman en anglais. Le récit est une mise en abîme de la situation de Nabokov en tant qu’écrivain au moment de l’écriture du livre. En gros, le narrateur veut écrire sur Sebastian Knight, son demi-frère qu’il a peu connu et dont il admire les romans. Nabokov se plait à mettre en place une machinerie sophistiquée avec extraits des œuvres, témoignages contradictoires de ceux qui l’ont connu, critique d’une biographie médiocre et enquête sur les lieux où a vécu le sujet des recherches. C’est élégant, drôle, brillant, et d’une grande beauté. 

jeudi 5 juin 2025

Lecture

Jules Barbey d'Aurevilly

Dans la première nouvelle des Diabolique, un narrateur se souvient d’une jeune fille qu’il avait rencontrée chez des gens qui lui louaient une chambre. Ils la lui présentèrent comme leur fille. Plus que sa beauté, ce qui frappa fortement le jeune homme de 17 ans à l’époque fut « l’air qu’elle avait » (c’est moi qui souligne). « Une espèce d’air impassible, très difficile à caractériser. » Cet air « qui la séparait non pas seulement de ses parents, mais de tous les autres, dont elle semblait n’avoir ni les passions, ni les sentiments, vous clouait... de surprise... sur place. » Cet air « n’était ni fier, ni méprisant, ni dédaigneux, non ! mais tout simplement impassible, car l’air fier, méprisant, dédaigneux, dit aux gens qu’ils existent, puisqu’on prend la peine de les dédaigner ou de les mépriser, tandis que cet air-ci dit tranquillement : « Pour moi, vous n’existez même pas. »

 

 

mardi 3 juin 2025

Sensations fortes

 

Dans la série « Découvrons les vieux livres qui trainent dans la bibliothèque », aujourd’hui : Les Diaboliques de Jules Barbey d'Aurevilly. Après avoir contemplé l’illustration de couverture (le nom de l’artiste n’apparait pas), commencer par enfoncer son nez entre les pages du livre entrouvert. Le parfum qui vous assaille est lourd, puissant. Il faut faire un effort pour s’en arracher tant sa force d’attraction semble vous entrainer vers des passés lointains. Les pages jaunies sont à manipuler avec une infinie précaution. L’une d’entre elles s’est déjà détachée. Cette fragilité et l’attention qu’elle implique donnent aux séances de lecture l’aspect d’un rituel secret parfaitement adapté à cet écrivain. Julien Gracq rappelle dans sa préface la haute personnalité du dandy. Il prévient le lecteur qui doit se laisser emporter par ce conteur à forte personnalité dont le style chevaleresque imprègne chacune des nouvelles qui composent le livre.   


samedi 31 mai 2025

Lu


 Pierre Siniac, Les sauveurs suprêmes. Le livre est publié dans la Série noire mais il ne s’agit pas d’un roman noir. Je m’attendais à une sorte de polar à la française du genre Léo Mallet avec ambiances banlieusardes glauques et ton célinien. En fait, pas du tout. On a affaire à un récit de guerre très bien documenté. Trois paumés errants au milieu des décombres dans l’Italie de la fin de la deuxième guerre mondiale se retrouvent un peu par hasard réunis pour une mission : libérer un chef de la résistance antifasciste aux mains des SS qui s’apprêtent à le fusiller avant de battre en retraite devant la progression des Alliés. Le ton est assez original. Pas d’héroïsme idéalisé mais au contraire trois bonhommes assez minables motivés par une seule chose : l’appât du gain (on leur a promis une très grosse récompense). Siniac mène le récit d'un main de maître. 

jeudi 15 mai 2025

Scénario

 

Dans un court essai sur le roman, Maupassant déclare que l’écrivain réaliste ne peut pas « tout raconter ». « Il faudrait alors un volume au moins par journée pour énumérer les multitudes d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence. » Pour illustrer la nécessité de faire des choix, il prend l’exemple des accidents. Beaucoup de personnes en meurent chaque jour. « Mais pouvons-nous faire tomber une tuile sur la tête d’un personnage principal, ou le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu d’un récit, sous prétexte qu’il faut faire la part de l’accident ? » Je pense que ce serait une excellente idée. Imaginons une scène de film ou de roman. Le personnage principal est en train de parler avec un autre personnage. Soudain, il s’écroule au milieu d’une phrase. Paf. Une balle perdue. Le tir d’un chasseur si les personnages se promènent dans les bois ou bien un règlement de compte entre bandes rivales s’ils marchent dans les rues d’une ville.


vendredi 2 mai 2025

Les pires tyrans et les bons rois

 

« Contrairement au Confucius historique, le Confucius de Tchouang-Tseu embrasse dans une même réprobation les pires tyrans et les « bons rois » les plus universellement révérés. Ces derniers n’ont pas mieux valu que les premiers, affirme-t-il tranquillement, faits historiques à l’appui. Les uns ont été plus avides de prestige, les autres plus avides de possessions, voilà tout. Et ces deux formes d’avidité sont, chez les puissants de ce monde, des forces que nul ne peut arrêter. » Jean François Billeter, Etudes sur Tchouang-Tseu (Allia)

lundi 28 avril 2025

Prémonitoire


 En 1983, Baudrillard notait dans Les Statégies fatales : l’incrédulité « s’étend aujourd’hui à tout ce qui nous est livré par le canal des media et de l’information, voire par celui de la science ».  Comme on dit, ça résonne en 2025. Il ajoutait ceci, qui est encore plus actuel : « Nous enregistrons tout mais nous n’y croyons pas car nous sommes nous-même devenus des écrans, et qui peut demander à un écran de croire à ce qu’il enregistre ? » On se demande pourquoi Baudrillard n’est pas plus cité par les penseurs auto-proclamés du déchiffrement du monde ? Il est vrai que la plupart d’entre eux se sont repliés dans un silence prudent.

samedi 26 avril 2025

Retraduire


Le livre de Paul Cain est traduit par
 Jacques-Laurent Bost et Marcel Duhamel en personne. La version française est agréable à lire, épurée, efficace, précise. D’où la surprise en découvrant une erreur incompréhensible. A un moment, les personnages doivent attendre quelqu’un dans une chambre d’hôtel. Le héros fait un somme tandis qu’un comparse a trouvé un « livre comique » pour s’occuper. Ce qui ne veut pas dire grand-chose. Il s’agit plutôt d’une bande dessinée (comic book). Il y avait pourtant un indice un peu plus loin : le personnage dit au héros que sa lecture lui a plu et qu’il aurait adoré « dessiner des caricatures ». Cette faute justifierait à elle-seule que le roman fasse l’objet d’une nouvelle traduction. Ce serait l’occasion d’actualiser certains dialogues alourdis par un argot vieillot qui sonne étrangement « tontons flingueurs ».

vendredi 25 avril 2025

Une issue

 

François Angelier, l’homme de Mauvais genre, trouve le réel «  d'un ennui sombre, tragique, bloqué, totalement sans intérêt » et il a bien raison. Pour prendre un exemple au hasard, qu’y-a-t-il de plus borné et prévisible qu’un agent immobilier ? Bref, le réel nous gonfle sérieusement et le fait de le scénariser sur le modèle des mauvaises séries puis de le diffuser non-stop sous forme d’info-spectacle n’y change rien. Ce sera toujours « d'un ennui sombre, tragique, bloqué, totalement sans intérêt ». Heureusement, on peut lire des nouvelles de Maupassant tendance fantastique et se laisser entrainer du côté de cet « inconnu qui est derrière le mur, derrière la porte, derrière la vie apparente ».


samedi 19 avril 2025

Lu


Sans craindre les anachronismes, on pourrait dire qu’il s’agit d’une sorte de road movie dont l’auteur déclare dès l’incipit qu’il ignore tout des deux personnages principaux, d’où ils viennent, où ils se dirigent et dans que but. Ce narrateur désinvolte intervient d’ailleurs tout au long de cet antiroman pour apostropher directement le lecteur. Les récits racontés par Jacques, son maître ou des personnages rencontrés dans des auberges sont souvent interrompus. Curieusement, ces interventions et ces interruptions narratives ne nuisent pas au plaisir de la lecture. Les autorités de l’époque (pouvoir royal et religieux) ont dû faiblement apprécier l’inversion des rapports de pouvoir entre Jacques et son maître tout comme le souffle de liberté qui traverse le roman.