G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur: Pierre Michon
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lundi 26 mai 2025

Questionnaire



(J’ai recopié des questions posées par le Point à Antoine De Caunes.)

Quel est le premier livre qui vous a marqué ?

On achève bien les chevaux d’Horace McCoy. Je l'ai toujours. Le livre trainait dans la chambre de ma grande sœur. Je me suis toujours demandé pourquoi vu qu’elle ne lisait pratiquement rien à part Salut les Copains.

La première séance de cinéma dont vous vous souvenez ?

Bonnie and Clyde au cinéma du village. C’était un évènement. Il y avait plein de voitures garées le long de la route, la salle était bondée. Une ambiance inoubliable et un film que je revois souvent.

Votre premier disque vinyle ou cassette ?

Format 45 tours : Love Like A Man de Ten Years After acheté à un grand du collège qui revendait ses disques.

Format 33 tours : Sticky Fingers. Un choc (et pas seulement à cause de la pochette de Warhol)

Votre série télé d'enfance ?

Belle et Sébastien

Aviez-vous des posters dans votre chambre ?

Plein, pour dissimuler le papier peint à fleurs. Mais je ne me souviens que d’un : l’affiche des Who « Maximum rythm & blues » qui était offerte dans la pochette de l’album Live At Leeds.

Vous vous occupiez comment, ado ?

Ecouter des disques, lire la presse musicale, rêvasser.

Vous écoutiez quoi ?

Les Who et les Stones, beaucoup. Et pas du tout les Beatles.

Un roman récent qui vous a marqué ?

Tiens ! C’est le même que De Caunes. J'écris l'Iliade, de Pierre Michon 

 

 

 

 


mercredi 21 mai 2025

Décalé

Il y a d’abord eu un moment de sidération. Un tel virage négocié aussi brutalement, personne n’aurait cru cela possible. Puis, très vite, on a pensé aux dieux. Pas ceux des monothéismes qui déclenchent les guerres en cours ; ceux de la mythologie grecque, les dieux d’Homère et des tableaux de la Renaissance. Ils sont là, nous dit Michon. « Les dieux habitent un monde tout proche, mais un peu décalé. » Si c’est le cas, ils ne s’occupent que rarement des affaires humaines. S’en seraient-ils lassés ? A moins qu'une chose continue à les irriter au point d’intervenir pour remettre certains humains à leur place. Cela s’appelle l’hubris, « ce qui, dans la conduite de l'homme, est considéré par les dieux comme démesure, orgueil, et devant appeler leur vengeance. » (Larousse)

 


samedi 10 mai 2025

La véritable histoire d'Actéon

 

J’apprécie particulièrement, dans J’écris l’Illiade, la proximité naturelle avec les dieux. Comme ça, sans préliminaires ni emphase, sans invocation occulte et surtout rien de religieux. Le monde d’avant (le vrai), comme si les siècles de monothéisme avaient compté pour du beurre. Et avec une grande inventivité, comme lorsque nous sommes entrainés dans les pas d’Actéon. Le récit mythologique, je l’avais découvert avec le tableau de François Clouet intitulé « Le bain de Diane » exposé au Musée des Beaux-Arts de Rouen. Michon le connait de l’intérieur ; il y était. Et il sait comment les choses se sont passées. Contrairement à ce que raconte la légende, la déesse pudique n’a pas été surprise dans sa nudité par le chasseur curieux. Ce qui s’est joué entre eux deux relève de la complicité silencieuse, un échange visuel du type exhibition/voyeurisme. La déesse étant allée trop loin dans le plaisir pris à ce jeu, on comprend mieux la violence avec laquelle elle a châtié son complice.


mardi 6 mai 2025

Abondance

 

Avec Pierre Michon cuvée 2025, on a à la fois une écriture qualité supérieure et du sexe. Des pages lyriques pour décrire le remplissage d’une locomotive à vapeur lors d’une halte de nuit en rase campagne. Le bras de la citerne au-dessus de la locomotive dont le moteur tourne au ralenti en laissant échapper des bruits évocateurs devient alors, dans la prose fiévreuse de Michon, une métaphore excitante de l’acte sexuel. Des pages lubriques dans lesquelles le jeune narrateur s’abandonne dans un compartiment avec une brune qui jouit en criant Mamma Mia. On enchaine avec le vieil Homère rêvant de la très désirable Hélène, prostituée sublime, qualifiée de « chair à dieux ». Puis soudain, au détour d’un souvenir, on tombe sur cette phrase : « L’homme est une machine de guerre ; dès qu’il vous rencontre, il note avec soin les points faibles de votre citadelle. » Le reste est souvent de ce niveau. On pense à Salammbô plus d’une fois, ce qui donne une idée du niveau. On se prend à s’inquiéter pour les prochaines lectures qui risquent de paraître fadasses. Mais c’était déjà le cas avec Jim Thompson. Tous les bons livres, en fait.