Avec Pierre Michon cuvée 2025, on
a à la fois une écriture qualité supérieure et du sexe. Des pages lyriques pour
décrire le remplissage d’une locomotive à vapeur lors d’une halte de nuit en
rase campagne. Le bras de la citerne au-dessus de la locomotive dont le moteur
tourne au ralenti en laissant échapper des bruits évocateurs devient alors, dans
la prose fiévreuse de Michon, une métaphore excitante de l’acte sexuel. Des
pages lubriques dans lesquelles le jeune narrateur s’abandonne dans un
compartiment avec une brune qui jouit en criant Mamma Mia. On enchaine avec le vieil Homère rêvant de la très désirable
Hélène, prostituée sublime, qualifiée de « chair à dieux ». Puis
soudain, au détour d’un souvenir, on tombe sur cette phrase : « L’homme est une machine de
guerre ; dès qu’il vous rencontre, il note avec soin les points faibles de
votre citadelle. » Le reste est souvent de ce niveau. On pense à Salammbô
plus d’une fois, ce qui donne une idée du niveau. On se prend à s’inquiéter
pour les prochaines lectures qui risquent de paraître fadasses. Mais c’était
déjà le cas avec Jim Thompson. Tous les bons livres, en fait.