G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur: temps
Affichage des articles dont le libellé est temps. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est temps. Afficher tous les articles

lundi 1 septembre 2025

Souvenirs de lectures


 

Que reste-il dans la mémoire de nos lectures passées au-delà d’un certain temps ? Dans mon cas, peu de choses : une impression d’ensemble, le souvenir de moments plus ou moins agréables (les meilleures expériences de lecture s’oublient rarement). Mais, s’agissant des romans et des nouvelles, il me revient relativement peu de scènes précises, de détails de descriptions ou de portraits. D’où l’intérêt de relire les livres qui ont compté, de s'y replonger. J’y pensais au sujet d’un texte de Julien Gracq intitulé La Presqu’île. Il est indiqué tout à la fin « achevé d’imprimer en février 1991 ». C’est probablement l’été de cette année-là ou peu de temps après que j’ai acquis le livre lors de vacances sur les lieux où se déroule le récit, en Bretagne. Le souvenir que j’ai conservé de cette lecture plus de 30 ans plus tard est comme une scène tirée d’un film. Un homme seul roule en voiture en direction de la côte. Il devine à certains détails du paysage (végétation, lumière, sensations diffuses) qu’il s'approche du rivage. La mer apparait soudain au détour d’un virage. L’homme gare son véhicule puis baisse la vitre pour laisser entrer l’air du large dans l’habitacle. Il allume une cigarette et se plonge alors dans la contemplation des vagues.

 

samedi 28 juin 2025

MEDITATION

 

Je suis assis par terre

dans le couloir

essayant de ne penser à rien

et n’y parvenant pas

je revois une photo

j’étais assis sur un muret

exactement dans la même position

jambes repliées

j’avais 16-17 ans

c’est très loin

je pense au temps écoulé

avec l’impression étrange

d’être à la fois

sur le muret ET dans le couloir

je suis perplexe

la séance est interrompue

je me lève

en me demandant

s’il s’agit

d’une illumination

mardi 13 mai 2025

FATIGUE


 est-ce le temps

son passage permanent

les accumulations

de minutes

d’années

de décennies

cela peut finir par peser

 

est-ce l’usure provoquée

par la vie en société

les rencontres inutiles

les malentendus inévitables

les conflits incertains

 

tout ira mieux demain

après une bonne nuit

jeudi 27 mars 2025

Le temps intérieur


 Je ne me réfugie pas dans le passé. Premièrement, c’est impossible. Mais surtout, je n’ai rien à fuir. Je me tiens au courant. Comment faire autrement ? Je note que le chef des armées (article 15 de la constitution) n’est pas venu à la barre défendre notre Gégé national. Je parcours les titres en écoutant une playlist millésimée 1980*. Il s’agit d’un détail important. La musique m’entraine ailleurs, à la recherche d’un point probablement introuvable qui se situerait à équidistance entre ici et hier. J’ajouterai pour faire bonne mesure que je ne m’interdis pas quelques incursions vers un futur subrepticement entrevu. J’appelle ça une approche quantique de la réalité.

* Pour la restauration rapide, les bagnoles électriques et les réseaux sociaux, le boycott ne devrait pas poser de problème. En revanche, je déclare forfait pour la musique, les livres et les films.

samedi 15 février 2025

Le choc

 

A propos du temps, il y a pire que de voir son visage le matin dans le miroir de la salle de bain : tomber sur une photo d’un ami du lycée pas revu depuis. Il occupe maintenant une fonction honorifique qui l’amène à se faire prendre en photo serrant la main à un maire ou participant à des festivités collectives en costume cravate. On nous dit que c’est un retraité de 68 ans. Comment est-ce possible ?


vendredi 14 février 2025

Au carrefour du temps


 Il y a des physiciens qui assurent que le temps n’existe pas. S’il s’agit d’une illusion, alors elle terriblement tenace. On peut en revanche tenter de s’évader momentanément de ce présent pesant où, comme chantait Lou Reed, tous les politiciens émettent des cris insensés et tout le monde rabaisse tout le monde. Comment ? En suivant le mode d’emploi qui se trouve dans les écrits d’André Hardellet. Ce qui frappe en le lisant, c’est la précision de ses souvenirs d’enfance. « Les cris des martinets ou le choc étouffé du marteau chez le menuisier, j’en ressuscite quelquefois le timbre exact, à force de patience, dans ma nuit sourde, et cette vérité me frappe ; rien n’a disparu. » Cela ne marche à tous les coups et l’IA ne pourra pas vous aider. Il faut de la patience, beaucoup de patience. L’insomnie de trois-quatre heures du matin peut être un moment propice.