Dans un court essai sur le roman,
Maupassant déclare que l’écrivain réaliste ne peut pas « tout raconter ».
« Il faudrait alors un volume au moins par journée pour énumérer les
multitudes d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence. »
Pour illustrer la nécessité de faire des choix, il prend l’exemple des
accidents. Beaucoup de personnes en meurent chaque jour. « Mais
pouvons-nous faire tomber une tuile sur la tête d’un personnage principal, ou
le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu d’un récit, sous prétexte
qu’il faut faire la part de l’accident ? » Je pense que ce serait une
excellente idée. Imaginons une scène de film ou de roman. Le personnage
principal est en train de parler avec un autre personnage. Soudain, il s’écroule
au milieu d’une phrase. Paf. Une balle perdue. Le tir d’un chasseur si les
personnages se promènent dans les bois ou bien un règlement de compte entre
bandes rivales s’ils marchent dans les rues d’une ville.