J’apprécie
particulièrement, dans J’écris l’Illiade, la proximité naturelle avec les dieux. Comme ça, sans préliminaires ni emphase, sans invocation
occulte et surtout rien de religieux. Le monde d’avant (le vrai), comme si les
siècles de monothéisme avaient compté pour du beurre. Et avec une grande
inventivité, comme lorsque nous sommes entrainés dans les pas d’Actéon. Le
récit mythologique, je l’avais découvert avec le tableau de François Clouet
intitulé « Le bain de Diane » exposé au Musée des Beaux-Arts de
Rouen. Michon le connait de l’intérieur ; il y était. Et il sait comment
les choses se sont passées. Contrairement à ce que raconte la légende, la
déesse pudique n’a pas été surprise dans sa nudité par le chasseur curieux. Ce
qui s’est joué entre eux deux relève de la complicité silencieuse, un échange
visuel du type exhibition/voyeurisme. La déesse étant allée trop loin dans le
plaisir pris à ce jeu, on comprend mieux la violence avec laquelle elle a
châtié son complice.