G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur

mercredi 23 juillet 2025

Le livre de l'été 2025

 

J’aime la manière dont Alain Chany a écrit L’Ordre de dispersion. Cela fait du bien quand on lit cette prose tellement poétique qu’elle en devient autre chose, une forme inconnue qu’on ne peut qu’entrevoir par moments, dans une certaine disposition. Il s’agit, à ma connaissance, de l’une des meilleures descriptions littéraires de ce que fut mai 68 par ceux qui l’ont vécu du bon côté. J’aime sa façon d’aligner les mots, les phrases, les idées, à la manière d’un jazzman revenant régulièrement sur son thème après avoir divagué en liberté en dehors des clichés balisés. Au début du roman, le narrateur qui enseigne la philosophie doit faire un discours de remise de prix dans l’établissement où il enseigne. Extrait  du discours : « Nous fuyons la fuite et cela ne va pas tout seul : nous sommes en éveil permanent, malgré ce qui peut paraître. Nous ne chanterons pas la romance qui calme, ni le système engourdissant. Nous essaierons de faire des feux de joie, malgré tout ; nous aurons donc beaucoup d’ennemis. » Le discours continue sur cette lancée. Il suscite un tollé d’indignation chez les parents d’élèves. Le directeur, qui est un curé, explique au professeur que de tels propos ne peuvent être tolérés dans un lycée privé très strict sur les valeurs morales. Le professeur de philosophie et narrateur apprend qu'il est renvoyé.


mardi 22 juillet 2025

Magie

 

Et voilà. J’ai replongé. Il m’aura suffi de regarder la vidéo mentionnée précédemment, dans laquelle on peut voir la jeune Martha Argerich en état de grâce interpréter ce qu’on peut considérer comme l’un de ses tubes. J’ai enchaîné avec un documentaire où on la voit jouer chez elle en compagnie de son mari chef d’orchestre. Et c’est la rechute. J’ai actionné le lecteur multimédia de l’ordinateur, j’ai sélectionné les enregistrements de la pianiste qui se trouvent sur le disque dur (74 fichiers affichés) et depuis, je fais tourner. Ravel, Chopin, Bartók, Prokofiev, Schumann, Bach.... La musique agit comme une drogue ; les neuroscientifiques doivent être en mesure de confirmer ce fait.


lundi 21 juillet 2025

Martha


 

Je finis la lecture de Yoga et Carrère continue à m’amuser. Exemple, vers la fin du livre, le narrateur est dans une île grecque, seul, dépressif. Il touche le fond. Même dans cet état, il trouve encore moyen se vanter. Susanna, une jeune femme qu’il a essayé de draguer, est partie. Elle lui avait expliqué qu’elle suivait un cours de creative writing avec Alessandro Baricco. Extrait : « J’ai failli demander à Suzanna de saluer pour moi Baricco, que je connais un peu, mais me suis abstenu de ce name-dropping qu’il est à mon honneur de n’avoir pas utilisé dans ma vaine tentative de séduction. » C’est un tour de force : réussir dans la même phrase à glisser qu’on connait un célèbre écrivain italien et qu’on a eu l’élégance de ne pas le mentionner alors que cela aurait pu s’avérer un outil efficace pour parvenir à ses fins pour finalement réclamer une petite dose d’admiration de la part du lecteur en raison de ce remarquable effort de modestie. Soyons juste : il y a quelques bonnes pages sur la Polonaise Héroïque et une excellente description qui m’a donné envie de revoir la vidéo Martha Argerich la magnifique.

dimanche 20 juillet 2025

Trop détendu


 

C’est plus facile, pour moi, d’écrire lorsque je suis un peu énervé. Heureusement, je le suis assez souvent. Mais là, rien. J’ai passé une très bonne nuit, sans insomnie. Sommeil réparateur. Réveil en pleine forme. Je relève des nouvelles plutôt positives dans les actualités, comme le succès de la pétition contre la loi Duplomb. J’écoute un enregistrement de la tournée de 74 de Bob Dylan and the Band. La température de l’air qui entre par la fenêtre est idéale (19°). Je ne vais quand même pas me forcer à être de mauvaise humeur pour trouver l’inspiration.

samedi 19 juillet 2025

Leader mondial

 

Journée efficace dans le jardin, moins sur internet. J’ai déjà dit que le blog n’était pas référencé par Google (un comble lorsqu’on sait que Blogger appartient à Google). J’avais signalé la situation sur le site qui gère ce genre de problème et qui s’appelle « Google Search Console Team » On se dit qu’avec un nom comme ça, ils doivent assurer en mode leader mondial de l’indexation. Le 11 juillet, j’ai reçu un message d’information : « Google a commencé à valider votre correctif concernant "Indexation des pages" sur votre site. » «  La validation peut prendre quelques jours. Nous vous enverrons un message lorsque le processus sera terminé. » Il n’y avait plus qu’à attendre. J’étais serein. Jusqu’au 17 juillet où la super team Google m’a envoyé un message intitulé « Échec de certaines corrections pour Indexation des pages problèmes du site https://joelegloseur.blogspot.com/ ». Bon. Tout le monde peut faire des erreurs. J’ai tapé sur un bouton proposant une « nouvelle validation ». A suivre


vendredi 18 juillet 2025

Lectures d'été

 

Lectures d’été. Je termine Yoga, même si l’auteur m’irrite toujours avec ses vantardises (savez-vous qu’il est capable d’identifier dès les premières notes les morceaux diffusés sur France Musique ?). Je viens de commencer le Journal de Matthieu Galey. Premier contact, très agréable. Je sais déjà que je le lirai régulièrement avec plaisir sur la durée. Et puis, le soir venu, avant de m’endormir, il y a Montaigne. Je ne dirai pas que c’est un excellent somnifère mais ça détend. Il y a quelque chose d’apaisant dans ces propos mesurés, ce relativisme soft. On comprend pourquoi tout le monde l’apprécie. Cette unanimité me l’a longtemps fait paraitre suspect. J’avais tort. 

jeudi 17 juillet 2025

Autosatisfaction

 

Si Emmanuel Carrère m’avait confié la lecture de son manuscrit je lui aurais expliqué que son texte avait beaucoup de qualités, dont celle de passer systématiquement en revue les motifs d’irritation que sa prose peut susciter chez le lecteur. Mais ce n’est pas une raison pour tout garder. J’aurais probablement coché des passages à élaguer ou à supprimer. Le portrait de M. Ribotton, pauvre petit prof pitoyable, est une réussite. En revanche, les souvenir complaisants de l’ancien élève du lycée Janson auraient gagné à disparaître. Ils présentent un intérêt uniquement pour ceux qui ont grandi dans seizième. Je crois que ce qui rend certains passages pénibles, c’est l’énorme autosatisfaction qui s’en dégage. Même lorsqu’il évoque son discours pour l’enterrement de son ami Bernard Maris, il ne peut pas s’empêcher de préciser qu’il pense avoir été bon.


mercredi 16 juillet 2025

Mort d'un héros du spectacle


 

Le spectacle rend un hommage unanime à l’un de ses membres qui incarnait parfaitement la duplicité, ce fondement premier de la société du spectacle. La télévision déclinante des boomers se soude une dernière fois autour de ce qui ressemble à son dernier enterrement. La duplicité est intacte ; elle continue sous d’autres formes (politique, réseaux sociaux, économie, etc.) En voici quelques synonymes. Saurez-vous les identifier ? Artifice, Comédie, Dissimulation, Escroquerie, Fausseté, Hypocrisie, Leurre, Mascarade, Mensonge, Simagrée, Simulation, Tromperie.

mardi 15 juillet 2025

Feu d'artfice


 

Le soir du 13 juillet, j’ai commencé la lecture du deuxième tome des Essais. J’avais du mal à entrer dans la prose de Montaigne à cause du va-et-vient entre le texte, les notes en bas de page indiquant les équivalents de termes anciens et celles en fin du volume pour donner l’origine des citations. On s’y fait, je le sais ; je suis venu à bout du Livre I, souvent avec plaisir. Mais il faut le mériter. Le son assourdi des explosions m’a déconcentré. J’ai entendu M. qui me demandait si je voulais voir le feu d’artifice. Je l’ai rejointe à l’étage, pas mécontent de m’évader. De là, on pouvait voir les lumières exploser par-dessus les toits. Le rythme était lent, les feux pas très impressionnants. J’ai foncé reprendre ma lecture.

lundi 14 juillet 2025

Yoga


 

Pour l’instant (j’en suis au premier tiers environ), le livre d’Emmanuel Carrière a pour sujet la méditation à travers le récit d’un stage intensif d’une semaine. D’autres péripéties sont annoncées. Premier bilan : Carrère est un excellent raconteur et un bon écrivain. On ne s’ennuie pas et on sourit souvent. La méditation est un sujet qui m’intéresse depuis longtemps. Je n’ai jamais réussi à me plier complètement à la posture règlementaire. Comme je ne voulais pas non plus renoncer aux bienfaits de cette pratique ancestrale, j’ai mis au point mon yoga à moi. L’important est d’être assis sur le sol. Peu importe ce qu’on fait de ses jambes mais une fois installé, il faut essayer de bouger le moins possible. Je trouve que la musique est un excellent support. Le choix influe sur la qualité de la séance. En ce moment, je passe les enregistrements des sessions d’enregistrement des Stones vers 77-78 à Paris. Les morceaux qui s’étirent ressemblent aux ragas indiens dont Carrère dit qu’ils « vous immergent dans une immobilité qui rayonne en tous sens, en sorte qu’on ne sait jamais où on en est et qu’on est en même temps toujours au centre. »