Si Emmanuel Carrère m’avait
confié la lecture de son manuscrit je lui aurais expliqué que son texte avait
beaucoup de qualités, dont celle de passer systématiquement en revue les motifs
d’irritation que sa prose peut susciter chez le lecteur. Mais ce n’est pas une
raison pour tout garder. J’aurais
probablement coché des passages à élaguer ou à supprimer. Le portrait de M.
Ribotton, pauvre petit prof pitoyable, est une réussite. En revanche, les
souvenir complaisants de l’ancien élève du lycée Janson auraient gagné à
disparaître. Ils présentent un intérêt uniquement pour ceux qui ont grandi
dans seizième. Je crois que ce qui rend certains passages pénibles, c’est l’énorme
autosatisfaction qui s’en dégage. Même lorsqu’il évoque son discours pour l’enterrement de son ami Bernard Maris,
il ne peut pas s’empêcher de préciser qu’il pense avoir été bon.
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