« J’écris, c’est cela l’important. Non pas ce que j’ai écrit, mais le fait d’écrire en soi. » Je voulais développer un peu sur le thème de l’écriture à partir de cette citation d’Henry Miller et puis j’ai dérivé en ironisant sur les incitations à la lecture. Je reprends le fil. Cette phrase correspond à ce qui m’anime ici. J’ai d’ailleurs déjà dû formuler cette idée plusieurs fois dans les carnets. J’ai songé à la placer en exergue dans un coin du blog mais j’ai la flemme, et puis j’ai trouvé que ce serait prétentieux et ridicule. Pas de déclarations, des actes. Comme Dolly Parton qui, je l’ai appris en regardant un documentaire (sur Arte), a créé une fondation pour distribuer des livres aux enfants. C’est plus efficace que les discours sur les bienfaits de la lecture.
mercredi 14 mai 2025
Slogan
« J’écris, c’est cela l’important. Non pas ce que j’ai écrit, mais le fait d’écrire en soi. » Je voulais développer un peu sur le thème de l’écriture à partir de cette citation d’Henry Miller et puis j’ai dérivé en ironisant sur les incitations à la lecture. Je reprends le fil. Cette phrase correspond à ce qui m’anime ici. J’ai d’ailleurs déjà dû formuler cette idée plusieurs fois dans les carnets. J’ai songé à la placer en exergue dans un coin du blog mais j’ai la flemme, et puis j’ai trouvé que ce serait prétentieux et ridicule. Pas de déclarations, des actes. Comme Dolly Parton qui, je l’ai appris en regardant un documentaire (sur Arte), a créé une fondation pour distribuer des livres aux enfants. C’est plus efficace que les discours sur les bienfaits de la lecture.
mardi 13 mai 2025
FATIGUE
est-ce le temps
son passage permanent
les accumulations
de minutes
d’années
de décennies
cela peut finir par peser
est-ce l’usure provoquée
par la vie en société
les rencontres inutiles
les malentendus inévitables
les conflits incertains
tout ira mieux demain
après une bonne nuit
lundi 12 mai 2025
Vive la lecture !
Maintenant qu’il s’agit d’une cause perdue, on peut bien l’encourager (surtout auprès des jeunes) ; c’est sans risque. La lecture est une activité d’individu solitaire, égoïste, asocial. Elle est à l’opposé des élans collectifs que la société tente d’encourager par tous les moyens avec plus ou moins de succès : finale de foot, nouveau pape, guerres et commémorations, mort d’une célébrité du spectacle... La lecture est dans notre cas une mauvaise habitude prise très tôt pour échapper à l’ennui de la famille, de l’internat, du travail. Une évasion ? Vous ne croyez pas si bien dire. Mais, c’est le côté un peu magique de la chose, tout en étant ailleurs, et parfois très loin, on se trouve intensément présent durant le temps de la lecture. C’est inexplicable, surtout pour les non-lecteurs ou pour ceux qui lisent uniquement dans le but de se rendre plus efficaces (on dit « monter en compétence »). Lire ne sert qu’à une chose : donner du plaisir à celui qui s’y adonne et rien d’autre.
dimanche 11 mai 2025
samedi 10 mai 2025
La véritable histoire d'Actéon
J’apprécie
particulièrement, dans J’écris l’Illiade, la proximité naturelle avec les dieux. Comme ça, sans préliminaires ni emphase, sans invocation
occulte et surtout rien de religieux. Le monde d’avant (le vrai), comme si les
siècles de monothéisme avaient compté pour du beurre. Et avec une grande
inventivité, comme lorsque nous sommes entrainés dans les pas d’Actéon. Le
récit mythologique, je l’avais découvert avec le tableau de François Clouet
intitulé « Le bain de Diane » exposé au Musée des Beaux-Arts de
Rouen. Michon le connait de l’intérieur ; il y était. Et il sait comment
les choses se sont passées. Contrairement à ce que raconte la légende, la
déesse pudique n’a pas été surprise dans sa nudité par le chasseur curieux. Ce
qui s’est joué entre eux deux relève de la complicité silencieuse, un échange
visuel du type exhibition/voyeurisme. La déesse étant allée trop loin dans le
plaisir pris à ce jeu, on comprend mieux la violence avec laquelle elle a
châtié son complice.
vendredi 9 mai 2025
La Grande Ourse
Effet Michon ? Une irrésistible envie s’est emparée de moi : remonter du côté de Rimbaud, vers la Grande Ourse, en passant (et oui !) par Sollers, l’un de mes critiques littéraires favoris. J’ouvre La Guerre du goût. « C’est l’été. Je suis à Long Island. Je relis les Illuminations, le livre qui restera lorsque plus personne ne se souviendra de rien. » (Y sommes-nous ?) « En ce temps-là, seuls quelques rares passants pourrons se promener dans l’après-monde comme s’il s’agissait d’un volume ouvert à chaque moment. Je vois des phrases, des mots, les syllabes me guettent, on dirait que les signes palpitent comme ce qui fut autrefois paysage et tableau. J’éteins la télévision. » (Aujourd’hui, on dirait l’ordinateur ou le téléphone). C’est parti. Direction Rimbaud. Je prends puis repose le livre de poche de mes 17 ans. Les pages se détachent et menacent de s’envoler. Je me rabats sur un livre de lycée (Garnier-Flammarion) plus austère. 17 ans, c’était le bon âge pour lire Sensation et La Saison en enfer. Je compte sur mes doigts. Aucun doute, cela se passait en 1975. Ce qui confirmerait l’existence d’un pont temporel quantique avec ce que nous appelons aujourd’hui ?
jeudi 8 mai 2025
1975 (suite)
Je parcours la liste d’évènements
qui se sont déroulés cette année-là et je réalise à quel point l’actualité nous
laissait indifférents. La mort de Franco avait donné lieu à une couverture
amusante de Reiser. C’est à peu près tout ce que j’ai retenu. Ce n’était pas un
sujet de discussion entre nous. Le sujet important, c’était l’information
concernant la prochaine boum, « fête musicale et dansante organisée par
des adolescents », nous dit wiki qui précise que la boum est « fortement
connotée aux premiers émois amoureux et à l'éveil sexuel des adolescents, à
travers leurs premiers slows, dans les années 1960 et 1970. » Je ne
me souviens pas de slows plus ou moins torrides. On passait plutôt notre temps
à sauter sur place sur Midnight Rambler
dans la version live. Après nous être secoués en rythme, nous nous écroulions
inondés de sueur, souvent trop ivres pour nous occuper des filles qui devaient
terriblement s’ennuyer.
mercredi 7 mai 2025
Obsession
J’aime bien trouver chez des gens de ma génération une certaine constance dans l’attachement à ce qui fut notre passion adolescente : le rock. En même temps, je mesure ce que cet intérêt démesuré pour un style musical peut avoir d’envahissant et parfois de limité. J’évite d'ailleurs les contacts à cause de l’image en miroir qu’ils me renvoient. Je comprends trop bien le besoin de se rassurer en tournant indéfiniment autour du déjà connu. Je suis moi-même toujours à la limite de rechuter. En ce moment, par exemple, je réécoute les Who et j'y prends un grand plaisir.
mardi 6 mai 2025
Abondance
Avec Pierre Michon cuvée 2025, on
a à la fois une écriture qualité supérieure et du sexe. Des pages lyriques pour
décrire le remplissage d’une locomotive à vapeur lors d’une halte de nuit en
rase campagne. Le bras de la citerne au-dessus de la locomotive dont le moteur
tourne au ralenti en laissant échapper des bruits évocateurs devient alors, dans
la prose fiévreuse de Michon, une métaphore excitante de l’acte sexuel. Des
pages lubriques dans lesquelles le jeune narrateur s’abandonne dans un
compartiment avec une brune qui jouit en criant Mamma Mia. On enchaine avec le vieil Homère rêvant de la très désirable
Hélène, prostituée sublime, qualifiée de « chair à dieux ». Puis
soudain, au détour d’un souvenir, on tombe sur cette phrase : « L’homme est une machine de
guerre ; dès qu’il vous rencontre, il note avec soin les points faibles de
votre citadelle. » Le reste est souvent de ce niveau. On pense à Salammbô
plus d’une fois, ce qui donne une idée du niveau. On se prend à s’inquiéter
pour les prochaines lectures qui risquent de paraître fadasses. Mais c’était
déjà le cas avec Jim Thompson. Tous les bons livres, en fait.
lundi 5 mai 2025
ECRIRE
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Bill Térébenthine |
certains textes sont dictés
pendant une insomnie
ou pendant la promenade du chien
il faut tenter de les retenir
ou les noter lorsque c’est
possible
il y en a qui s’écrivent
au fur et à mesure
comme ça
parce qu’il fait trop chaud
pour lire
regarder un film
ou dessiner
écrire en écoutant
de la musique
demande moins d’effort
on savoure le fait
d’avoir cette possibilité
il serait dommage
de ne pas en profiter