dimanche 13 juillet 2025
samedi 12 juillet 2025
Monologue
Je lis une recension de La Somnolence, premier roman de
Jean-Pierre Martinet qui ressort ces jours-ci. Le livre suit la logorrhée d’une
femme de 76 ans qui vocifère en ne s’adressant à personne précisément. Cela m’a
fait penser au dingo qu’on entend souvent parler tout seul en déclamant lorsque
nous passons devant son pavillon avec le chien. Il se déclenche sans se montrer
sur son perron, juste après notre passage, ce qui fait qu’on ne distingue pas
clairement ses propos. Une fois, il était question des déjections des chiens
qui répandent des bactéries. Difficile de ne pas se sentir visé avec notre
toutou en laisse. La dernière fois, j’ai saisi la fin d’une tirade où il était question
des « personnes sournoises qui arrivent par derrière sans prévenir, ça
suffit ! » Pour ce que j’en entends, cela ressemble des discours
revendicatifs relativement articulés. Ils sont déclamés sur un ton assez retenu
(pas de cris ou d’insultes) avec des effets oratoires, des haussements de ton
indiquant l’indignation.
vendredi 11 juillet 2025
Dialogue
— J’ai l’impression que nous
sommes partis pour un été « citations ». Je recopie celle-ci, tirée
de Yoga d’Emmanuel Carrère, qui
confie l’avoir lui-même recopiée dans de nombreux carnets (j’espère qu’elle n’a
pas été modifiée en cours de route). Elle est de Glenn Gould. « La visée
de l’art n’est pas la décharge momentanée d’une sécrétion d’adrénaline mais la
construction patiente, sur la durée d’une vie entière, d’un état de quiétude et
d’émerveillement. »
— Joli. Et le livre de
Carrère ?
— On en parlera plus tard.
jeudi 10 juillet 2025
Sur les courtisans
Chamfort : « Quelle vie
que celle de la plupart des gens de cour ! Ils se laissent ennuyer,
excéder, avilir, asservir, tourmenter pour des intérêts misérables. Ils
attendent, pour vivre, pour être heureux, la mort de leurs ennemis, de leurs
rivaux d’ambition, de ceux mêmes qu’ils appellent leurs amis ; et pendant
que leurs vœux appellent cette mort, ils sèchent, ils dépérissent, meurent
eux-mêmes, en demandant des nouvelles de la santé de M. tel, de Mme telle, qui
s’obstinent à ne pas mourir. »
mercredi 9 juillet 2025
La France qui bat des records
Halte à l’auto-flagellation et à la morosité. Notre pays est capable de se
surpasser. Quelques exemples de performances éclatantes sont apportés par une étude
annuelle de l’Institut national de la Statistique et des Etudes économiques
(Insee) sur la pauvreté, parue ce lundi 7 juillet. Record battu en 2023 pour le
taux de pauvreté avec 15,4 % soit le
taux le plus élevé depuis trente ans. Comme la hausse du niveau de vie des plus « aisés » a été
« dynamique » dans le même temps grâce « au rendement des
produits financiers », un autre record historique est battu : celui
des inégalités. Comment améliorer encore
notre score ? Continuer à ne rien faire et attendre les effets
bienfaisants du ruissellement.
mardi 8 juillet 2025
1975 (suite)
J’ai envie de revenir à l’année
1975, plus précisément à l’été de cette année-là. La bande adolescente que nous
formions était constituée de quatre garçons et un peu moins de filles. Tout le
monde devait se retrouver dans une maison du vieux Hyères appartenant à la
famille des filles. Avec un copain, nous avons rejoint le sud en stop. Une
grande partie du trajet s’est déroulée comme dans un film américain des années
70, cheveux au vent à l’arrière d’une voiture de sport décapotable conduite par
un couple de jeunes gens beaux et friqués qui incarnaient la douceur de vivre.
Les paysages ensoleillés défilèrent comme dans un rêve éveillé. Après une année
d’internat dans la grisaille et l’ennui d’une petite ville l’Aisne, c’était
comme se transporter dans un autre monde où tout était soudainement beau, sexy
et totalement cool.
lundi 7 juillet 2025
Ouf !
Le blog a retrouvé son petit
trafic habituel d’habitués. Début juillet, il y a eu une arrivée soudaine si massive
qu’elle a formé un pic montagneux sur la ligne ordinairement régulière et paisible
des statistiques. Ce pic s’est produit en pleine nuit, l’essentiel provenait
des Etats-Unis. Le lendemain, encore plus étrange, c’est d’Autriche qu’on débarqué
en masse pour voir le Carnet. Je n’ai
aucune explication et n’en cherche pas ; l’essentiel est que le phénomène
s’est interrompu. Ce petit évènement m’a rappelé que je goûte avant tout la
discrétion. Protégez-moi des foules. Je suis un anti-influenceur. On dit que le
web est mort, tué par les bots qui aspirent les données pour nourrir les IA.
Dans un avenir proche, plus personne ou presque ne consultera les sites (ne
parlons pas de ceux qui suivent des blogs). C’est une excellente
nouvelle ! Le retour de la singularité est à notre portée, tenons-nous à
l’écart du rouleau compresseur mainstream. Vive l’underground et la diffusion
réservée aux happy few. Keep on bloging !
dimanche 6 juillet 2025
samedi 5 juillet 2025
Lecture d'été
Loin de moi l’idée de dire du mal
de Frédéric Berthet. D’ailleurs, je ne veux, en règle générale, dire du mal
d’aucun écrivain. Si on a besoin de passer ses nerfs, il y a assez de têtes à
claques du côté des politiciens (pour
prendre un exemple au hasard). Les écrivains, eux, ne nuisent à personne. Tout
juste leurs écrits peuvent-ils générer une forme d’ennui. Ce n’est jamais
violent, on est généralement confortablement installé quand on lit. En fait, tout
est de ma faute. Le passage sans transition de Bukowski à Berthet était une
erreur. Le premier est un boxeur poids lourd. En comparaison, Paris-Berry de Berthet ne parait pas
seulement léger ; il est terriblement inconsistant. Chaque texte est comme
une bulle qu’on tente d’attraper et qui éclate en laissant derrière elle un
vide gênant. Improviser sur le presque rien s’avère une entreprise périlleuse
(j’en sais quelque chose). Et puis la légèreté forcée et l’insouciance feinte
me rendent triste. Je vais le lire jusqu’au bout un peu comme on lirait une
notice listant tous les pièges menaçant les textes courts.