G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur

mercredi 9 juillet 2025

La France qui bat des records

 

Halte à l’auto-flagellation et à la morosité. Notre pays est capable de se surpasser. Quelques exemples de performances éclatantes sont apportés par une étude annuelle de l’Institut national de la Statistique et des Etudes économiques (Insee) sur la pauvreté, parue ce lundi 7 juillet. Record battu en 2023 pour le taux de pauvreté avec 15,4 %  soit le taux le plus élevé depuis trente ans. Comme la hausse du niveau de vie des plus « aisés » a été « dynamique » dans le même temps grâce « au rendement des produits financiers », un autre record historique est battu : celui des inégalités. Comment améliorer  encore notre score ? Continuer à ne rien faire et attendre les effets bienfaisants du ruissellement.

 


mardi 8 juillet 2025

1975 (suite)

 

J’ai envie de revenir à l’année 1975, plus précisément à l’été de cette année-là. La bande adolescente que nous formions était constituée de quatre garçons et un peu moins de filles. Tout le monde devait se retrouver dans une maison du vieux Hyères appartenant à la famille des filles. Avec un copain, nous avons rejoint le sud en stop. Une grande partie du trajet s’est déroulée comme dans un film américain des années 70, cheveux au vent à l’arrière d’une voiture de sport décapotable conduite par un couple de jeunes gens beaux et friqués qui incarnaient la douceur de vivre. Les paysages ensoleillés défilèrent comme dans un rêve éveillé. Après une année d’internat dans la grisaille et l’ennui d’une petite ville l’Aisne, c’était comme se transporter dans un autre monde où tout était soudainement beau, sexy et totalement cool.


lundi 7 juillet 2025

Ouf !

 

Le blog a retrouvé son petit trafic habituel d’habitués. Début juillet, il y a eu une arrivée soudaine si massive qu’elle a formé un pic montagneux sur la ligne ordinairement régulière et paisible des statistiques. Ce pic s’est produit en pleine nuit, l’essentiel provenait des Etats-Unis. Le lendemain, encore plus étrange, c’est d’Autriche qu’on débarqué en masse pour voir le Carnet. Je n’ai aucune explication et n’en cherche pas ; l’essentiel est que le phénomène s’est interrompu. Ce petit évènement m’a rappelé que je goûte avant tout la discrétion. Protégez-moi des foules. Je suis un anti-influenceur. On dit que le web est mort, tué par les bots qui aspirent les données pour nourrir les IA. Dans un avenir proche, plus personne ou presque ne consultera les sites (ne parlons pas de ceux qui suivent des blogs). C’est une excellente nouvelle ! Le retour de la singularité est à notre portée, tenons-nous à l’écart du rouleau compresseur mainstream. Vive l’underground et la diffusion réservée aux happy few. Keep on bloging !

 


samedi 5 juillet 2025

Lecture d'été

 

Loin de moi l’idée de dire du mal de Frédéric Berthet. D’ailleurs, je ne veux, en règle générale, dire du mal d’aucun écrivain. Si on a besoin de passer ses nerfs, il y a assez de têtes à claques  du côté des politiciens (pour prendre un exemple au hasard). Les écrivains, eux, ne nuisent à personne. Tout juste leurs écrits peuvent-ils générer une forme d’ennui. Ce n’est jamais violent, on est généralement confortablement installé quand on lit. En fait, tout est de ma faute. Le passage sans transition de Bukowski à Berthet était une erreur. Le premier est un boxeur poids lourd. En comparaison, Paris-Berry de Berthet ne parait pas seulement léger ; il est terriblement inconsistant. Chaque texte est comme une bulle qu’on tente d’attraper et qui éclate en laissant derrière elle un vide gênant. Improviser sur le presque rien s’avère une entreprise périlleuse (j’en sais quelque chose). Et puis la légèreté forcée et l’insouciance feinte me rendent triste. Je vais le lire jusqu’au bout un peu comme on lirait une notice listant tous les pièges menaçant les textes courts.


vendredi 4 juillet 2025

Présentations


 Je ne suis pas un loser magnifique. Plutôt un raté au sens de celui qui n’a pas tenu ses promesses. A vingt ans, je voulais devenir un artiste plus ou moins célèbre. J’ai gagné un peu d’argent avec mes dessins mais jamais assez pour vivre correctement. J’étais une catastrophe en relations publiques. Au bout d’une dizaine d’années, je m’étais mis à dos à peu près tous les professionnels rencontrés. J’ai rangé mon carton à dessin et j’ai passé un concours d’enseignement. Après m’être fait virer de l’université (mon seul titre de gloire), j’ai végété une vingtaine d’années dans une ZEP à la dérive. J’étais dans mon élément. Bilan à la retraite : j’ai limité la casse ; je n’ai pas été renvoyé ; je ne suis pas devenu alcoolique ou accro aux cachetons. Mon ange gardien a fait ce qu’il a pu. Je lui suis reconnaissant ; ce n’était pas un boulot facile.

jeudi 3 juillet 2025

Vocabulaire

 

Intérechiant : Se dit d’une chose appartenant généralement au monde de la communication ou de la culture (les deux étant indiscernables). Un film, un livre, un article, une revue, etc. devrait nous intéresser ; il a toutes les qualités requises, il fait le plein des recommandations de la part de la critique éclairée et de bon goût. Pourtant, il ne suscite chez nous aucun intérêt intellectuel, aucun frisson esthétique en dépit de nos efforts et de notre « bonne volonté culturelle » (dixit Pierre Bourdieu).


mercredi 2 juillet 2025

POSITIF

 

Le problème avec les micros-trottoirs

où l’on interroge des vrais gens

sur la canicule

c’est qu’on ne sait jamais si

ils sont représentatifs

de la majorité

prête à s’adapter docilement

aux pire situations

sans jamais s’énerver

contre les responsable politiques

qui ne tiennent pas

leurs engagements

 pour ralentir

le changement climatique

ou bien si les entretiens ont été

soigneusement sélectionnés

pour faire passer un message

fataliste

c’est comme ça

faut s’adapter

c’est la faute à personne

et surtout

conservez la bonne humeur

mardi 1 juillet 2025

L'abri

 

Un peu d’air frais entre par le velux entrebâillé. Fats Domino chante en sourdine tandis que, dehors, la pluie tombe doucement. Le chien dort sur mes genoux. Il est calme, comme moi. Cela fait du bien d’être seul de temps en temps, à l’abri du feu des critiques (même justifiées). Je lis trop de romans et de poèmes ; je n’ai jamais d’idées pour occuper les loisirs. Tout cela est vrai. Je peux peut-être réussir à modifier certains paramètres. En attendant, j’ai besoin d’un abri sûr pour souffler et de rien d’autre.


lundi 30 juin 2025

Humour climatique

Ceci est une projection en 2050

 « Il y a toujours eu des vagues de chaleur. » J’entends d’ici les climato-négationnistes ricaner. Ils peuvent s’amuser sereinement : chaque été leur apportera avec certitude l’occasion d’afficher leur indépendance d’esprit, leur supériorité intellectuelle et leur méfiance éclairée vis-à-vis des scientifiques catastrophistes. Ils n’ont aucune raison de s’inquiéter. Leurs habitudes ne seront pas changées par des normes écologiques absurdement punitives. C’est vrai, un french Trump nous garantirait définitivement contre toute tentative visant à perturber la tradition ancestrale de la vague de chaleur et du barbecue sur la terrasse.