Je lis dans le Nouvel Obs que les services d’IA
générative ont fait le tour de « la connaissance humaine disponible et que "leurs concepteurs sont à court de données sur lesquelles les entraîner". Déjà ? Des choses vertigineuses et souvent inquiétantes
parviennent à nos oreilles tous les jours mais là, on reste songeur. La
connaissance humaine, ce n’était donc que ça ? Ou est-ce l’IA qui l’a avalée
comme un goinfre avant de la recracher sans y insérer un poil de réflexion ou de création (ne parlons pas de poésie). Dans le monde qui arrive, les « données » sont un enjeu
stratégique de première importance. C’est grâce à elles, nous dit-on, que se gagnerons ou se
perdrons les guerres militaires, commerciales, culturelles. Autant dire qu’il
va falloir faire attention à ce qui est diffusé. Les petits soldats de l’IA
sont à l’affut, prêts à s’emparer de la moindre miette pour nourrir le Big
Robot bouffeur de données. Il faudra prendre le temps de tirer les conclusions
qui s’imposent une fois que le cerveau humain aura pris complètement conscience
de cette... donnée.
lundi 10 février 2025
On n'arrête pas le progrès
dimanche 9 février 2025
samedi 8 février 2025
Entendu à la radio
Les automobilistes allemands qui
roulent en Tesla (enfin ceux qui ne sont pas des admirateurs du nazi le plus
riche du monde) collent à l’arrière de leur véhicule un autocollant qui fait un
tabac et sur lequel on peut lire « Je l’avais achetée avant qu’Elon devienne
fou ». J'ai vérifié sur Internet. L'article existe et il est accompagné de la mention "très demandé". Il n’existe pas de billet d’excuse pour ceux qui sont encore sur le
réseau X.
vendredi 7 février 2025
Dialogue
‒ Bonjour monsieur, c’est pour un
sondage.
‒ A quel sujet, le sondage ?
‒ Le sentiment de submersion
migratoire. Le ressentez-vous un peu, beaucoup, pas du tout ?
‒ La réponse est oui. J’ai de plus
en plus le sentiment d’être submergé.
‒ Merci beaucoup.
‒ Hep ! Attendez ! Je
n’ai pas précisé ce qui provoque en moi ce sentiment de submersion. Et il ne
s’agit pas du tout de la présence de populations exotiques venues d’ailleurs.
‒ Pardon ?
‒ J’ai le sentiment d’être submergé par les politiciens cyniques qui agitent des pulsions malsaines pour arriver au pouvoir, par les révisionnistes qui veulent en finir avec ce qu’ils appellent le politiquement correct qu’ils assimilent au fait de condamner l’extrême droite, par les réactionnaires qui s’affolent dès qu’on touche à la domination masculine, par les adeptes du déni climatiques qui réclament le droit de s’aveugler et de continuer à détruire la planète comme au bon vieux temps, par les admirateurs du nazi le plus riche du monde, par…
‒ Merci beaucoup.
‒ Hep ! Attendez ! Ne partez pas ! Je n’ai
pas fini. Je viens à peine de commencer !
‒ Excusez-nous. Nous devons
interroger d’autres personnes. Bonne journée !
jeudi 6 février 2025
Vu
Walk the Line de James Mangold (2005)
Pas mal mais un peu long. Comme
pour Un parfait inconnu, les passages
musicaux sont chantés par l’acteur Joaquin Phoenix et c’est assez réussi. La preuve, on
a envie d’écouter Johnny Cash après avoir vu le film. Accessoirement, j’ai
inventé un jeu cette nuit. Imagine le biopic hollywoodien tiré de ta vie.
Pas besoin d’écrire tout le scénario (sauf éventuellement en cas de nuit blanche). Demande toi seulement quelles scènes et extraits figureraient dans la bande annonce. Prévoir
évidemment les chansons qui composent la bande originale.
mercredi 5 février 2025
Une enquête brumeuse
J’ai lu les trois quarts d'un roman
de Simenon que j’ai choisi pour son titre. Il s’appelle Maigret et le voleur paresseux (1961). Je ne l’ai pas lâché de la
journée sauf pour les repas et la promenade du chien. Il s’agit d’un Maigret assez
mélancolique. Ils le sont tous, c’est vrai, mais celui-ci l’est
particulièrement. Le commissaire est à deux ans de la retraite. Sa hiérarchie
est composée de jeunes diplômés issus des bonnes familles qui traitent le vieux
commissaire avec une condescendance polie. Ils sont, écrit Simenon, « en
quête d’efficacité », pondant dans leur bureau « des plans mirifiques »
qui se traduisent « chaque semaine, par de nouveaux règlements. »
mardi 4 février 2025
Un peu d'histoire
Dans une interview, David Lynch évoquait un
souvenir d’enfance qui l’avait profondément marqué. La scène se passait dans
une petite ville américaine des années 50. Le jeune Lynch jouait dans son
jardin (son backyard) lorsqu’un copain tout excité a surgi en
criant « Tu l’as raté ! ». « J’ai raté quoi ? » a
demandé le jeune Lynch. Il s’agissait de la première apparition d’Elvis Presley
dans le Ed Sullivan Show de 1956 qui a secoué toute l’Amérique ou
presque. Comme il n’y avait pas de magnétoscopes à l'époque, Lynch a dû attendre les années 70 pour pouvoir voir enfin l’émission. Et il ajoute que c’était bien de devoir l’imaginer pendant tout ce temps.
lundi 3 février 2025
Fin et début
Sur un parking où j’attendais,
j’ai lu les dernières pages de la Montagne
magique. La guerre est déclarée. C’est la panique dans le sanatorium. Hans Castorp
redescend dans le « pays d’en bas » pour y faire son devoir. On le
retrouve avec son bataillon de jeunes soldats se lançant vers l’ennemi dans la
boue et sous la mitraille. La description est précise, les détails terribles.
Le narrateur nous confie que son personnage a très peu de chance d’en
réchapper. C’est pourquoi il choisit de le quitter là et de laisser la suite
dans le flou. A la fin d’un tel roman, qui vous a accompagné si longtemps, on
reste un peu sonné. Et on se demande quoi lire après. J’ai ouvert Médecine générale de Cadiot mais je ne
suis pas entré dans ce doux délire qui m’a semblé assez gratuit. Finalement, j’ai
choisi le confort en commençant un Maigret.
dimanche 2 février 2025
samedi 1 février 2025
Pendant ce temps, sur la Montagne magique
« On le laissait en paix, un
peu comme un écolier qui jouit de ce privilège particulièrement amusant de
n’être plus interrogé, de n’avoir plus rien à faire, parce qu’il est entendu
qu’il doublera sa classe, et parce qu’on ne s’occupe plus de lui. Forme
orgiaque de liberté, ajoutons-nous, en nous demandant à part nous-même s’il
peut y avoir une liberté d’une autre forme et d’une autre espèce. »