G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur

mercredi 12 novembre 2025

La fin de la colère ?

Bill Térébenthine

 

Je ne suis plus aussi souvent en colère même si cela m’arrive encore. Il y a pas mal de motifs en ce moment, non ? Ce qui a changé, c’est le fait que ces colères ont quelque chose de déplacé dans ce décor confortable. Et puis il y a évidemment l'effet de l’âge. On parle rarement d'un « vieil homme en colère ». Ce sentiment semble réservé à la jeunesse, pauvre et mal nourrie de préférence. Alors je garde ces accès de colère pour moi. Je trouve assez rapidement un moyen de me calmer. Ce ne sont pas les distractions qui manquent.

mardi 11 novembre 2025

Un peu de philosophie


 

Le dernier numéro de Philosophie Magazine titre « La mort, autant s’y préparer ». Lorsque j’ai vu cette couverture, j’ai pensé « Tu ne t’occupes peut-être pas suffisamment de la mort ; elle n’est presque pas présente à ton esprit. Voyons ce qu’en disent les personnes interviewées. » Parmi eux, Pacôme Thiellement m’a tout de suite rassuré lorsqu’il dit : « Il est vain de l’anticiper, car elle ne ressemble jamais en rien à son attente. » Mieux : il est préférable de penser à vivre « car dix ans passent à la vitesse d’une journée. » Et un peu plus loin, je lis que pour Spinoza tant que la vie est là, la mort est absente ou niée. C’est bon. Je vais continuer à ne pas y penser en me concentrant sur la satisfaction d’être en vie.

lundi 10 novembre 2025

Sans réponse


 

Je me pose des questions, tout un tas de questions. Je ne demande pas des solutions. A ce sujet, je n’ai plus d’illusion. Je me demande seulement si la situation est vraiment catastrophique ou si c’est un tour de mon imagination, une invention des médias, une construction. Heureusement, la plupart du temps j’oublie les questions. Je prépare un repas ou je promène le chien, j’écoute de la musique ou je lis un bouquin. Et ça fait du bien.

samedi 8 novembre 2025

L'autre côté

Philip Guston, Drawing, 1960

 "Je crois que l'unique question impérative en peinture est : quand est-ce achevé ? Pour ma part, c'est lorsque je sais que je suis "passé de l'autre côté". Cette prise de conscience soudaine et ponctuelle est la seule qui compte à mes yeux. " Philip Guston

vendredi 7 novembre 2025

Bienvenue à bord

 

Vous arrivez sur un blog remarquablement discret, à la limite de l’invisibilité. Si vous l’avez trouvé ce n’est pas en cherchant sur Google puisque le moteur de recherche n’est toujours pas parvenu à ce jour à référencer le Carnet. Pourtant, les petits moteurs de recherche alternatifs y parviennent. Pas grave. On peut s’en passer, et même se constituer un public de lecteurs fidèles. De toute façon, Internet est voué à disparaitre, siphonné par les robots conversationnels. C’est ce que certains disent. On peut aussi penser que rien ne se passera comme prévu.  


jeudi 6 novembre 2025

Résumé


 



Résumé de la journée. Pas oublié de rentrer la poubelle qui a tendance à bloquer le trottoir étroit. Relu, dans le catalogue de l’exposition Philip Guston au Centre Pompidou, un texte de son ami (et voisin) Philip Roth. L’écrivain évoque les doutes et les joies du peintre au moment où il passait de l’abstraction à la figuration. Il y évoquait le sentiment de liberté que l’on ressent lorsqu’on tâtonne sans trop savoir dans quelle direction on va (je cite de mémoire). Cette remarque me fait penser à Bill Térébenthine et aux bouts de papier qui trainent dans son bureau-atelier. Courses en utilisant la nouvelle voiture qui passe totalement inaperçue sur le parking du supermarché. Nous avons juste rattrapé la norme automobile en 2025. Satisfaction d'être enfin mainstream.

mercredi 5 novembre 2025

Pendant ce temps, chez Bill Térébenthine...

 

Bill Térébenthine

— Que t’arrive-t-il, Bill ?

— Rien. Au sens strict du terme.

— Peux-tu développer au sujet de ce rien ?

— Je n’ai plus de goût à peindre et à dessiner.

— Ah merde. Et comment tu l’expliques ?

— C’est assez simple. Depuis une dizaine d’années, mes réalisations consistaient pour l’essentiel en dessins d’observation et en peintures d’après des photos prises durant des promenades. C’est-à-dire que je pratiquais un art d’imitation.

— Et ?

— Et il se passe que je ne peux plus me mettre au travail pour continuer dans cette voie depuis que j’ai lu ce que disait Hegel de l’imitation envisagée comme le but de l’art.

— Il en disait quoi, Hegel ?

— Pour lui, l’art n’a pas pour fonction de reproduire du mieux qu’il peut le monde extérieur. Selon ses termes tels qu’ils ont été rapportés par ceux qui suivaient ses cours, il s’agit d’un travail superflu. Je vais retrouver le passage. Il parle d’un « jeu présomptueux, qui reste bien en deçà de la nature ».

— Il y va fort, là. Mais ne dit-on pas que dans l’Antiquité on admirait l’illusionnisme de Zeuxis dont les raisins trompaient même les oiseaux ?

— Bien sûr. Hegel en parle. Ecoute ça. « Au lieu de louer des œuvres d’art parce que des pigeons ou des singes s’y sont laissés tromper, il faudrait plutôt blâmer ceux qui croient avoir porté bien haut l’art, alors qu’ils ne savent lui donner comme fin suprême qu’une fin si médiocre. »

— Je vois pourquoi Hegel a semé le doute. Et tu vas faire quoi maintenant ?

— Rien. Je gribouille sur des bouts de papier en attendant de voir ce qui va sortir.

— Veinard. C’est le meilleur moment.


mardi 4 novembre 2025

RETOUR DE PROMENADE


 

Les feuilles dans les flaques d’eau

le bitume luisant sous les lampadaires

content d’être rentré à l’abri

dehors il fait déjà nuit

rien écrit encore de la journée

j’écoute Blind Willie McTell

pas le vieux bluesman mais Dylan

qui rend hommage au chanteur aveugle

j’apprécie la musique

j’apprécie d’être vivant

j’apprécie d’être là

je ne sais pas à qui m’adresser

pour dire merci

 

 

 

lundi 3 novembre 2025

Incompatibilité


 

Il y a une chose qui me sépare définitivement de la droite : c’est la croyance dans la valeur travail. Je n’ai pas eu les moyens financiers (ni le courage) d’appliquer le beau slogan que Guy Debord écrivit sur un mur. Faute de mieux, je lui ai substitué un modeste « Travailler le moins possible ».  Je me suis toujours méfié du travail. Trop de pénibilité. J’ai fait en sorte de m’en protéger en commençant tard et en arrêtant le plus tôt possible. C’était une question de survie. Mais je n’ai jamais essayé d’aborder le sujet avec les travailleurs que je croisais, encore moins d’essayer de les entrainer dans ma désertion douce.