G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur

samedi 9 août 2025

Les choses deviennent claires


Illustration : Bill Térébenthine




 — Partir sans me retourner, j’adore ça. Et puis repenser ensuite à ceux que je ne reverrai jamais, aux lieux où je ne repasserai plus.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que c’est la première fois que cela me saute aux yeux avec autant de clarté. Un ami d’enfance que je n’ai pas revu depuis une dizaine d’année me l’a fait remarquer il y a quelques années dans un mail auquel je n’ai pas répondu. Il disait que ma vie était « marquée par des ruptures ».

— Il te connait bien.  

—Pour compenser cette tendance à couper tous les ponts, il faut dire que je conserve quelques repères fixes auxquels je tiens particulièrement.

  Comme le fait que tu continues à écouter souvent la musique que tu écoutai entre 13 et 17 ans ?

— Toi aussi, tu me connais bien.

 

vendredi 8 août 2025

On mange quoi ?


 

Je suis évidemment végétarien. Ma prise de conscience remonte à plus de 30 ans. Ceci dit, je ne cherche à convaincre personne. Simplement, je me sais inoffensif pour les veaux, les vaches, les cochons et même les poissons. Cela n’empêche pas de subir les effets de l’élevage intensif (merci pour les algues vertes). Je soutiens le combat des associations qui essaient inlassablement d’expliquer que consommer de la viande est une catastrophe écologique, morale et diététique (j’en oublie : l’alimentation concerne tous les aspects de la vie). La consommation de viande est une aberration. Mais dans un monde où on ne les compte pas, ce n’est pas du tout un argument convaincant.

jeudi 7 août 2025

Such A Night


 

Il est 22 :32, comme dit l’horloge de l’ordinateur. Pas de grandes réflexions sur le cours des choses pour aujourd’hui. J’ai un projet de chanson avec des rimes en « ic » comme ironique, flic, y’a un hic, il a un tic, de mystique, fanatique, climato-sceptique. J’écoute un bootleg de Dr Johns enregistré dans un petit club en 1978. La musique, la voix de Dr John, le son du groupe : tout est raccord avec cette soirée un peu moite.

mercredi 6 août 2025

Rythme d'été


 

L’été est là pour de bon (il est un peu long à venir par ici). Le rythme des publications pourrait ralentir, d’autant plus qu’un chantier de peinture (au rouleau, pas des trucs d’artiste) va bientôt démarrer. Mais peut-être que je vais continuer à divaguer tous les jours ou presque simplement parce que je ne peux pas m’empêcher d’écrire n’importe quoi. Si vous êtes un lecteur tombé ici un peu par hasard et que vous pensez revenir, mettez le blog en favoris car si vous cherchez le Carnet avec Google vous ne le trouverez pas facilement. Il n’est pas indexé. Avec les petits moteurs de recherche comme Qwant, ça se passe normalement, mais pas avec le leader mondial des moteurs de recherche. 

mardi 5 août 2025

Plage


 

Pour apprécier pleinement le patio ombragé où vous aimez vous installer au calme afin de savourer la lecture d’un bon livre, rien de tel qu’une visite éclair dans l’enfer d’une plage envahie par une horde de touristes hagards déambulant en plein soleil entre parkings bondés et stands de frites et de glaces. Un petit quart d’heure sera suffisant pour mesurer votre chance et retourner au plus vite pour vous mettre à l’abri pour reprendre votre lecture.

lundi 4 août 2025

Bouchons


 

Le mois d’août commence. Impossible d’ignorer le fameux « chassé-croisé » du week-end, même lorsqu’on ne bouge pas de chez soi. On peut imaginer les longues files de bouchon sur les routes comme dans le traveling du bien nommé Week-end de Jean-Luc Godard (1967). 58 ans plus tard, c’est exactement la même situation, toujours aussi absurde, triste et drôle à force d’être désolante. La différence c’est que Godard dénonçait l’organisation de la société avec l’espoir (un an avant 68) d’assister un jour prochain à sa disparition. En 2025, nous pouvons constater que, comme chantait un groupe visionnaire, « rien n’a changé, tout a continué ». Hey ! Hey !

 

samedi 2 août 2025

Un peu d'histoire



Le roman de Philip Roth se déroule en 2004, l’année de la réélection de George W. Bush qui l’emporta face au démocrate John Kerry. Le soir des élections, Zuckerman se trouve en compagnie de Jamie et Billy, un jeune couple qui a voté Kerry et qui découvre, effondré, le résultat. Voici comment Roth décrit la situation. « Ils avaient beau être intelligents, savoir s’exprimer, et faire preuve de bonne éducation, et Jamie avait beau connaître à fond l’Amérique riche des Républicains et le type d’ignorance que produit le Texas, ils n’avaient pas la moindre idée de ce qu’était la grande masse des Américains, et ils n’avaient jamais perçu si clairement que ce n’étaient pas les gens instruits et cultivés comme eux qui allaient décider du sort de l’Amérique mais les dizaines de millions de gens différents d’eux qui venaient de donner à Bush pour la seconde fois l’occasion, comme l’avait dit Billy, « de ruiner quelque chose de grand ». Qui a dit que l’histoire ne se répétait pas ? Et qui a dit que lorsqu’elle le faisait, c’était sous la forme d’une farce ?

 


vendredi 1 août 2025

FAIRE AVEC

Bill Térébenthine


d’une manière

ou d’une autre

il faut faire avec

l’énorme show

obscène

qui se déroule

partout

tout le temps

 

tu peux éteindre

tous les écrans

couper la radio

éviter les journaux

tu ne peux échapper au monde

des influenceurs fascistoïdes

des poètes TikTok

des rêves totalitaires

des empereurs de la Tech

et des politiciens milliardaires

 

cela ne t’empêchera pas

de marcher sur les trottoirs

en regardant devant toi

sans obstacle visuel

sans téléphone devant les yeux

 

personne ne peux

t’obliger à vivre

selon la loi des zombies

ils n’ont pas encore

trouvé le moyen

de t’empêcher

de rêver