La classe politique
est composée exclusivement
de dinosaures
robotisés
Les principaux tyrans
de ce monde
visent l’immortalité
ou du moins
une vie prolongée
Imaginez le futur
dans cette perspective
et cherchez ensuite
un motif d’espoir
G-0C9MFWP390
La classe politique
est composée exclusivement
de dinosaures
robotisés
Les principaux tyrans
de ce monde
visent l’immortalité
ou du moins
une vie prolongée
Imaginez le futur
dans cette perspective
et cherchez ensuite
un motif d’espoir
« Il est généralement facile de comprendre que la nouveauté dérange en particulier ceux qu’une fidélité superficielle – que rien d’intense ne vivifie – lie aux formes du passé. Ceux-là, la nouveauté les dérange d’autant plus qu’elle est profonde, qu’elle met en jeu l’édifice même où ils vivent en repos, sans effort. Le passé admettait mieux le changement, dans la certitude qu’il avait de la valeur suprême et indiscutable dont l’édifice était l’expression nécessaire à ses yeux. »
Georges Bataille, Manet
![]() |
Bill Térébenthine |
Toutes ces choses
que nous avons aimées
souvent excessivement
maintenant qu’elles ont passé
nous ne comprenons pas bien
ce qui suscitait des engouements
aussi passionnés
il reste quelques traces
une fumée qui se dissipe
comme diminue la tension
que généraient nos joies
intenses et éphémères
Entendons-nous bien : je n’ai
absolument rien contre Emmanuel Carrère, dont je reconnais et apprécie par
moments le talent d’écrivain et qui ne parait pas foncièrement antipathique.
Juste un peu énervant. Carrère n’est par ailleurs aucunement responsable de ce
qui cause chez moi –et peut-être chez d’autres personnes dans le même cas – une
forme particulière d’irritation. Par exemple, lorsqu’à l’occasion d’un
entretien radiophonique, il glisse en aparté, sur le ton de la fausse
confidence légèrement gênante : « J’ai la chance d’avoir eu une
enfance heureuse. » Tant mieux pour toi, Ducon. C’est certain, il est
beaucoup plus difficile de confier, sur le même ton : « Mon enfance a
été très pénible, dans une famille pesante où j’étais un étranger. »
Pourtant, je ne dois pas être un cas isolé. Mais cela ne se fait pas. Ceux qui n’ont
pas eu de chance au tirage de la loterie de la naissance sont censés accepter
sagement leur sort et prendre cette injustice radicale avec philosophie (stoïcisme ? nihilisme ? scepticisme ?). La structure
inégalitaire de la société tend à récompenser ceux qui ont tiré le bon ticket
au départ tandis que les autres doivent partir à l’assaut de la culture
légitime par la face nord et s’estimer heureux, si la chance leur a un peu
souri en cours de route, de ne pas avoir fini SDF.
Les français économisent. Ils
sont inquiets. C’est le moment que j’ai choisi pour changer de voiture et
troquer (c’est une image) le vieux Kangoo acquis en 2002 pour un modèle hybride
bourré d’électronique. Les vendeurs contactés ont l’air fébrile. Ils ne voient
pas beaucoup de clients potentiels et sont prêts à faire des efforts. Ce sera ma
participation, en tant que boomer tardif, à l’effort de redressement de
l’économie.
Je somnolais sur mon fauteuil
favori
toujours aussi fatigué
épuisé est le terme exact
j’ai beaucoup maigri
ça me va bien
mon IMC est à un poil
de basculer dans le sous-poids
mais le score affice « normal »
il y a des stylos un peu partout
dans la maison
mais tous sont HS
j’ai fini par en trouver un
en état de marche
c’est bon signe
j’ai commencé Les Détectives
sauvages
j’en attendais un peu trop
je m’ennuie un peu
mais je vais continuer
cela ne demande aucun effort
exactement ce qu’il me faut
J’ai retrouvé le passage dans La Presqu’île. C’est beaucoup mieux par
Julien Gracq.
« La fin de journée va être belle », pensa Simon. Il se mit à
siffloter, puis alluma une cigarette. Il abaissa la glacede la portière :
un vent vif et battant, hilare, sauta dans la voiture et sembla la délester.
Aussi brusquement qu’on ressent la faim, l’envie d’être déjà à Kergrit bondit
en lui ; jamais fin de journée tardivement visitée par le soleil qui n’eût
ét pour lui comme une promesse mystérieuse. « Ce sera l’heure du bain,
pensa-t-il : la marée monte », et des images exultantes et claires se
pressèrent dans son esprit en foule.
France Musique est de loin la
meilleure station de radio pour glander, méditer en regardant par
la baie vitrée le soir qui descend lentement sur le jardin en cette fin d’été/début
d’automne - ce passage fragile et plein de charme qui a longtemps été assombri par
la rentrée scolaire et dont je peux enfin profiter pleinement. Je rêve parfois d’un
monde où une grande majorité d’auditeurs resteraient branchés sur France Musique
et où le son de la musique agirait de manière bienfaisante sur les consciences.
Que reste-il dans la mémoire de nos lectures passées au-delà d’un certain temps ? Dans mon cas, peu de choses : une
impression d’ensemble, le souvenir de moments plus ou moins agréables (les
meilleures expériences de lecture s’oublient rarement). Mais, s’agissant des
romans et des nouvelles, il me revient relativement peu de scènes précises, de détails de
descriptions ou de portraits. D’où l’intérêt de relire les livres qui ont compté, de s'y replonger. J’y pensais au sujet d’un texte de Julien Gracq intitulé La Presqu’île. Il est indiqué tout à la fin « achevé d’imprimer en février 1991 ». C’est probablement l’été de
cette année-là ou peu de temps après que j’ai acquis le livre lors de vacances
sur les lieux où se déroule le récit, en Bretagne. Le souvenir que j’ai conservé de cette lecture plus de 30 ans plus tard est comme une scène tirée d’un film. Un homme
seul roule en voiture en direction de la côte. Il devine à certains détails du
paysage (végétation, lumière, sensations diffuses) qu’il s'approche du rivage. La
mer apparait soudain au détour d’un virage. L’homme gare son véhicule puis baisse la vitre
pour laisser entrer l’air du large dans l’habitacle. Il allume une
cigarette et se plonge alors dans la contemplation des vagues.