J’étais un peu
impressionné ; je restais à l’extérieur, comme derrière une vitrine. Je me
demandais si je comprenais. Après vérification, je conclue que je peux me fier
à mes intuitions. Il en ressort un penseur très libre et largement en avance
sur son temps où on s’étripait pour des convictions religieuses (ce qui
explique qu’il avance ses idées avec prudence). Le texte intitulé
« Apologie de Raymond Sebond » est un bon exemple. Il s’agit en fait
de ce qu’on appellerait une déconstruction des arguments de cet auteur qui
essaie de prouver l’existence de Dieu en décrivant la parfaite réussite qu’est
l’homme, supérieure aux animaux et au reste de la création. Montaigne
développe, en s’appuyant sur des citations d’auteurs de l’Antiquité, l’idée que
les animaux n’ont rien à nous envier. Ils disposent du langage, même si celui-ci
nous échappe ; ils ont des sentiments nobles, sont capables d’actes
héroïques, de compassion, etc. Pour Montaigne, le sentiment de supériorité de l’homme
sur l’animal n’est pas seulement une erreur. C’est une faute morale causée par
une fierté mal placée et injustifiée. Cinq siècles plus tard, la situation n’a
pas évolué (cf. le massacre des animaux destinés à la boucherie).

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire