vendredi 31 octobre 2025
Lire en écoutant la pluie
jeudi 30 octobre 2025
C'est beau, Hegel
Rien que la biographie. Pendant
ses études, « il a pour condisciples et amis le poète Hölderlin et
Schelling, de cinq ans plus jeune, mais précoce et brillant. » Plus tard,
il occupe la chaire de Fichte à Berlin. Un de ses élèves témoigne : « Quiconque
avait une fois pris goût à la profondeur et à la solidité de ses leçons était
entraîné de plus en plus et retenu pour jamais comme dans un cercle magique par
la force de ses raisonnements et par l’originalité de ses intuitions du moment. » Cela laisse rêveur et c'est un songe très agréable.
mercredi 29 octobre 2025
Discussion sur ED
— L’extrême droite en France, on
peut en parler ?
— D’accord mais alors en évitant
d’employer ce terme. Trop déprimant.
— On va dire
« ED ». J’ai l’impression que tout ce cirque - auquel nous
n’assistons même pas et qui continue sans nous – n’a d’autre finalité que
d’installer ED au pouvoir.
— Il y a des rumeurs à ce sujet.
Et elles mènent toutes vers celui qui a déclenché ce gros bazar.
— Ceux qui ont œuvré à ses deux
élections ont tiré les conclusions de son échec. Ils sont en situation de
l’obliger à mener une dernière mission : accélérer une transition rapide
vers ED pour éviter les épouvantails de la gauche et de l’extrême gauche.
— Ce n’est pas très difficile.
— Ce gros loser est quand même capable
de tout foirer.
— Ah ! Ah ! Ah !
mardi 28 octobre 2025
Montaigne et moi
J’étais un peu
impressionné ; je restais à l’extérieur, comme derrière une vitrine. Je me
demandais si je comprenais. Après vérification, je conclue que je peux me fier
à mes intuitions. Il en ressort un penseur très libre et largement en avance
sur son temps où on s’étripait pour des convictions religieuses (ce qui
explique qu’il avance ses idées avec prudence). Le texte intitulé
« Apologie de Raymond Sebond » est un bon exemple. Il s’agit en fait
de ce qu’on appellerait une déconstruction des arguments de cet auteur qui
essaie de prouver l’existence de Dieu en décrivant la parfaite réussite qu’est
l’homme, supérieure aux animaux et au reste de la création. Montaigne
développe, en s’appuyant sur des citations d’auteurs de l’Antiquité, l’idée que
les animaux n’ont rien à nous envier. Ils disposent du langage, même si celui-ci
nous échappe ; ils ont des sentiments nobles, sont capables d’actes
héroïques, de compassion, etc. Pour Montaigne, le sentiment de supériorité de l’homme
sur l’animal n’est pas seulement une erreur. C’est une faute morale causée par
une fierté mal placée et injustifiée. Cinq siècles plus tard, la situation n’a
pas évolué (cf. le massacre des animaux destinés à la boucherie).
lundi 27 octobre 2025
Petite déception
Ma nouvelle voiture est remplie de gadgets, un peu comme celle de
James Bond (sans les mitraillettes qui sortent des phares). En revanche, je ne
pourrais plus écouter mes CD en roulant, ce qui ne constitue pas un progrès. J’aimais
écouter mes albums et aussi les compilations thématiques que je préparais soigneusement.
A la place, je vais devoir me taper des compilations Spotify. J’ai testé et c’est
assez horrible : impersonnel, basé sur les tubes, collectif. Bref, tout ce
que je ne supporte pas dans la manière d’écouter la musique à notre époque.
Heureusement, il y a France Musique et Fip.
dimanche 26 octobre 2025
samedi 25 octobre 2025
Vous avez dit "émancipation" ?
"L'émancipation [...] commence quand on remet en question l'opposition entre regarder et agir, quand on comprend que les évidences qui structurent ainsi les rapports du dire, du voir et du faire appartiennent elles-mêmes à la structure de la domination et de la sujétion. Elle commence quand on comprend que regarder est aussi une action qui confirme ou transforme cette distribution des positions."
Jacques Rancière, Le spectateur émancipé
vendredi 24 octobre 2025
SOIR D'AUTOMNE
Je suis bien
assis sur mon fauteuil préféré
le petit chien sur les jambes
le son de la radio venant de la
cuisine
assez peu distinct
je lis des passages de livres
Rancière évoque la pensée
critique
et sa difficile actualisation
Savitzkaya raconte à sa manière
la vie d’Elvis Presley
hier j’ai écouté des
enregistrements
des années 70
c’était très beau
le son de groupe de bal
qui jouerait parfaitement bien
et cette voix qui donne des
frissons
jeudi 23 octobre 2025
En pause (encore)
Je suis un peu à sec en ce
moment. Mon cerveau semble être en pause. Lui qui me bombarde en permanence
d’idées plus ou moins confuses (symptôme connu du TDAH) semble avoir soudain
besoin de souffler. Ce n’est pas désagréable. En plus, l’ordinateur veut
redémarrer pour faire une mise à jour. Pour moi, l’info du jour, c’est l’appel signé
par de nombreux scientifiques et des entrepreneurs de la tech demandant l’arrêt
des travaux visant au développement au développement de la superintelligence
artificielle, une IA capable de surpasser les capacités humaines. Au cas où on
ne serait pas assez angoissés par les perspectives du dérèglement climatique,
voilà un nouveau sujet à ajouter à la liste.
mercredi 22 octobre 2025
mardi 21 octobre 2025
A la rencontre de la ruralité
Vendeur de voitures un peu rat.
Pas assez d’essence pour faire le trajet de retour. Jauge proche de zéro sur la
quatre voies, pleine zone de désert rural. Une petite pancarte indiquant un
Intermarché sur le bord de la route. Sortie. Quelques kilomètres à travers
champs. Un bourg à l’horizon. Approche pleine d’appréhension. Bingo ! Non
seulement il y a une pompe mais une banderole à l’entrée annonce « Prix
coutant sur le carburant ». Petite file d’attente. Une femme a ouvert le
capot de sa voiture. Elle remplit des jerricanes. C’est samedi soir. Sur le
parking, un vendeur de pizza dans une guitoune affiche un large sourire. La
soirée ne fait que commencer. Départ détendu. Le plein est fait et on ne
regrette pas ce détour au cœur des territoires.
vendredi 17 octobre 2025
Nouveauté
Demain, je pars chercher ma
nouvelle voiture dans une ville à deux heures de route d’ici. C’est déjà une
aventure en soi. J’aime bien rouler mais ce trajet aura une connotation
particulière puisque ce sera le dernier en compagnie de ma vieille voiture qui
m’a transporté pendant 24 années. Dans le lecteur de CD, une compilation
personnelle des Who dont je ne me lasse pas. Cette ambiance un peu rustique (le
cendrier, l’allume cigare), tout cela va disparaitre dans la prochaine voiture
avec son écran multifonction, ses touches, ses voyants renvoyant aux multiples
dispositifs d’aide à la conduite. Ce changement marquera-t-il un tournant ?
Peut-être que je ne serai plus le même au retour.
jeudi 16 octobre 2025
mercredi 15 octobre 2025
Pause
— Comment ça va ? Je me
traine un peu. Ce n’est pas la grande forme mais je suis certain d’avoir connu
pire.
— J’avais remarqué que ça
n’allait pas fort ces derniers temps.
— Ah oui ? Et à quoi tu vois
ça ?
— Quand tu ressors tes disques du
collège, ça ne trompe pas.
— Le pire c’est que j’en suis
conscient au moment où je le fais. C’est de la régression pure et dure mais qu’est-ce que ça fait du bien.
— Je crois que chaque génération a son
remontant musical gravé dans le cerveau au moment de l'adolescence. L’essentiel c’est que cela fasse son effet.
— Oui, mais je n’ai pas trop envie
de rester bloqué là. D’ailleurs, je ne suis pas du tout nostalgique de cette époque. La province française au
début des années 70, c’était bien lourd.
— Tu crois que c’est
différent maintenant ?
— Je ne sais pas. J’ai fuis
l’endroit où j’ai grandi et je n’y suis jamais retourné. Je pense que ça n’a
pas beaucoup changé. D'après ce qu'on peut voir sur Street View, c'est encore plus laid et franchement sinistre.
— Dans les rues, le décor ne
change pas beaucoup, en effet. Mais les jeunes n’y sont pas. Ils sont sur les réseaux sociaux.
— Et oui, les choses ont changé comme dit l'autre.
mardi 14 octobre 2025
Anniversaire
Que vois-je ? Une revue
anglaise spécialisée dans la musique de vieux (Uncut) sort un numéro spécial pour fêter les 80 ans de Neil Young.
Ce n’est pas le premier des musiciens qui bercèrent nos années de jeunesse à
passer ce cap. Cela me fait quand même un drôle d’effet. Peut-être à cause de
son nom. Au lieu de se morfondre sur le passage du temps, réjouissons-nous
plutôt de la présence en ce monde de ceux qui
nous aident un peu à le supporter par leur présence et leur persévérance
dans ce genre musical qui nous aura accompagnés tout au long du parcours. Et ce n’est
pas fini. Un titre du tonnerre sort de l’ordinateur. Il est extrait Talkin to the Trees, un de ses derniers
disques.
lundi 13 octobre 2025
EN DEHORS DU TEMPS
La crise est partout
les journalistes et leurs invités
délirent non-stop sous les
projecteurs
et moi je ne vais pas très bien
non plus
écrire apporte un peu
d’apaisement
écouter une playlist de vieux
trucs également
c’est biologique et c’est
métaphysique
les neurotransmetteurs s’activent
en entendant Black Night
Two Of Us
Love In Vain
Hey Tonight
Substitute
Into The Mystic
toutes ces chansons
que je redécouvre à chaque fois
comme pour la première fois
je n’y peux rien si cela fait du
bien
et soulage mon âme fatiguée et
usée
dimanche 12 octobre 2025
samedi 11 octobre 2025
Vous reprendrez bien un peu de bêtise ?
vendredi 10 octobre 2025
Croquis d'audience
jeudi 9 octobre 2025
Psychopathologie du pouvoir
Le pouvoir ne rend pas fou ; il attire des gens qui sont déjà dingues. On en trouve à tous les échelons de la société, ceux qui arrivent au sommet sont les plus gravement atteints. On peut distinguer quelques différences culturelles selon les pays mais ce qui frappe, ce sont les nombreux points communs : le narcissisme revient souvent tout comme l’impossibilité d’accepter la contradiction ou encore un goût prononcé pour la manipulation. La principale difficulté avec ceux qui sont touchés par cette pathologie, c’est leurs réactions lorsque leur rêve s'écroule brutalement.
mercredi 8 octobre 2025
Burroughs à Paris
mardi 7 octobre 2025
Pas le temps de m'occuper du gouvernement
lundi 6 octobre 2025
Extinction
Je suis un dinosaure et je suis entré dans une forme de résistance très modérée - à moins qu’on considère le fait de se méfier de l’IA comme un signe de déviance sociale. En fait de résistance, il s’agit plutôt d’une façon de bouder certains aspects peu ragoutants des développements récents de la société spectaculaire-marchande. Cela consiste pour l’essentiel à entretenir une rêverie égoïste bercée par les lectures, la musique, les promenades. Un matin où je trainais au lit en écoutant la radio, j’ai entendu Marc Weitzmann qui était invité pour son livre sur Philip Roth. J’ai tendu l’oreille lorsqu’il a déclaré d’un ton légèrement sentencieux que la littérature telle que la pratiquaient Roth et d’autres écrivains de la même génération appartenait aujourd’hui à un monde disparu. Fin de la littérature et même de la culture telle que nous l'avions connue ? Il y a de quoi éprouver un léger vertige.
dimanche 5 octobre 2025
samedi 4 octobre 2025
"Je suis à Paris, ceux qui l'apprennent en sont heureux, la plupart m'envient. Ils ont raison. C'est une grande ville, grande et pleine d'étranges tentations. En ce qui me concerne, je dois avouer que d'une certaine manière je leur ai succombé. Je ne crois pas qu'on puisse le dire autrement. J'ai succombé à ces tentations et cela a eu divers changements pour conséquence, sinon dans mon caractère, du moins dans ma façon de voir les choses, et en tout cas dans ma manière de vivre. Il s'est constitué en moi à partir de ces influences une conception totalement nouvelle de toutes les choses, il y a là certaines différences qui me séparent des gens beaucoup plus que tout ce qui m'était arrivé avant. C'est un monde changé. Une vie nouvelle pleine de significations nouvelles. Cela me donne un peu de mal pour l'instant, parce que tout est nouveau. Je suis un débutant dans mes propres conditions de vie."
Rainer Maria Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
vendredi 3 octobre 2025
Improvisation d'automne
Depuis ce matin, je nettoie les Velux. C’est une entreprise d’une certaine ampleur. Je conseille sérieusement cette activité à tous ceux qui se sentent légèrement plombés par le spectacle en cours. Ce serait dommage de gâcher une belle matinée d'automne et son beau soleil rasant à cause des gesticulations des uns et des autres. Il suffit de changer de lunettes ou de nettoyer des vitres pour réaliser que tout est une question de regard et donc de transparence. Le travail alimentaire de Spinoza consistait à polir des verres destinés à des loupes, des microscopes ou des longues-vues. Je ne sais pas traduire en mots cette sensation de voir plus clairement chaque détail. Nabokov a écrit des choses magnifiques sur le miroitement des choses en décrivant avec précision le moindre détail. A relire, donc.
























