mercredi 8 octobre 2025
Burroughs à Paris
mardi 7 octobre 2025
Pas le temps de m'occuper du gouvernement
lundi 6 octobre 2025
Extinction
Je suis un dinosaure et je suis entré dans une forme de résistance très modérée - à moins qu’on considère le fait de se méfier de l’IA comme un signe de déviance sociale. En fait de résistance, il s’agit plutôt d’une façon de bouder certains aspects peu ragoutants des développements récents de la société spectaculaire-marchande. Cela consiste pour l’essentiel à entretenir une rêverie égoïste bercée par les lectures, la musique, les promenades. Un matin où je trainais au lit en écoutant la radio, j’ai entendu Marc Weitzmann qui était invité pour son livre sur Philip Roth. J’ai tendu l’oreille lorsqu’il a déclaré d’un ton légèrement sentencieux que la littérature telle que la pratiquaient Roth et d’autres écrivains de la même génération appartenait aujourd’hui à un monde disparu. Fin de la littérature et même de la culture telle que nous l'avions connue ? Il y a de quoi éprouver un léger vertige.
dimanche 5 octobre 2025
samedi 4 octobre 2025
"Je suis à Paris, ceux qui l'apprennent en sont heureux, la plupart m'envient. Ils ont raison. C'est une grande ville, grande et pleine d'étranges tentations. En ce qui me concerne, je dois avouer que d'une certaine manière je leur ai succombé. Je ne crois pas qu'on puisse le dire autrement. J'ai succombé à ces tentations et cela a eu divers changements pour conséquence, sinon dans mon caractère, du moins dans ma façon de voir les choses, et en tout cas dans ma manière de vivre. Il s'est constitué en moi à partir de ces influences une conception totalement nouvelle de toutes les choses, il y a là certaines différences qui me séparent des gens beaucoup plus que tout ce qui m'était arrivé avant. C'est un monde changé. Une vie nouvelle pleine de significations nouvelles. Cela me donne un peu de mal pour l'instant, parce que tout est nouveau. Je suis un débutant dans mes propres conditions de vie."
Rainer Maria Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
vendredi 3 octobre 2025
Improvisation d'automne
Depuis ce matin, je nettoie les Velux. C’est une entreprise d’une certaine ampleur. Je conseille sérieusement cette activité à tous ceux qui se sentent légèrement plombés par le spectacle en cours. Ce serait dommage de gâcher une belle matinée d'automne et son beau soleil rasant à cause des gesticulations des uns et des autres. Il suffit de changer de lunettes ou de nettoyer des vitres pour réaliser que tout est une question de regard et donc de transparence. Le travail alimentaire de Spinoza consistait à polir des verres destinés à des loupes, des microscopes ou des longues-vues. Je ne sais pas traduire en mots cette sensation de voir plus clairement chaque détail. Nabokov a écrit des choses magnifiques sur le miroitement des choses en décrivant avec précision le moindre détail. A relire, donc.
jeudi 2 octobre 2025
mercredi 1 octobre 2025
mardi 30 septembre 2025
Les joies de l’existence dont on aurait tort de se priver
Aujourd’hui : retrouver un livre
dans sa bibliothèque après l’avoir longuement cherché en vain. Au départ, il y avait le
podcast d’un entretien avec Jacques Rancière à propos des Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme de Schiller. Etant
donné le débit accéléré de Rancière, je m’accrochais pour ne pas rater un bout,
ne pas perdre le fil. Cela n’aurait pas dû poser trop de difficultés. Mais une pensée parasite venait
distraire mon attention. J’étais certain d’avoir le livre de Schiller quelque part dans la
bibliothèque et je devais me retenir pour ne pas me lever de mon fauteuil pour
aller vérifier. Dès la fin de l’émission, j’ai bondi pour aller fouiller les rayons. Pas trouvé du côté de la philo, rien non plus du côté des livres sur l’art. J’en venais à penser que
j’avais dû rêver. J’avais envisagé de l’acheter sans passer à l’acte. Comme
souvent dans ce genre de situation, c’est au moment où je me résignais à
abandonner les recherches que l’objet m’est soudain apparu en partie dissimulé
derrière une carte postale reproduisant une œuvre de Jasper Johns.
lundi 29 septembre 2025
Journal de Matthieu Galey (suite)
Journal de Matthieu Galey (suite). Toujours bien écrit, vif,
rarement ennuyeux. Les scènes décrites et les portraits nous transportent dans
un monde dépaysant et politiquement agité au tournant des années 60. Les échos
de la guerre d’Algérie se font entendre. Un soir, au cours d’un dîner
littéraire, les débats virent à l’affrontement
entre invités de gauche et de droite. Conclusion : « Les opinions politiques
des littérateurs sont toujours déraisonnables, plus esthétiques ou morales que
fondées. Pour quel motif logique un écrivain gagne-petit se ferait-il le
champion des possédants ? Poésie pure... »