J’écoute Philip Glass, ça délasse
mais au bout d’un moment ça lasse.
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Aujourd’hui : retrouver un livre
dans sa bibliothèque après l’avoir longuement cherché en vain. Au départ, il y avait le
podcast d’un entretien avec Jacques Rancière à propos des Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme de Schiller. Etant
donné le débit accéléré de Rancière, je m’accrochais pour ne pas rater un bout,
ne pas perdre le fil. Cela n’aurait pas dû poser trop de difficultés. Mais une pensée parasite venait
distraire mon attention. J’étais certain d’avoir le livre de Schiller quelque part dans la
bibliothèque et je devais me retenir pour ne pas me lever de mon fauteuil pour
aller vérifier. Dès la fin de l’émission, j’ai bondi pour aller fouiller les rayons. Pas trouvé du côté de la philo, rien non plus du côté des livres sur l’art. J’en venais à penser que
j’avais dû rêver. J’avais envisagé de l’acheter sans passer à l’acte. Comme
souvent dans ce genre de situation, c’est au moment où je me résignais à
abandonner les recherches que l’objet m’est soudain apparu en partie dissimulé
derrière une carte postale reproduisant une œuvre de Jasper Johns.
Journal de Matthieu Galey (suite). Toujours bien écrit, vif,
rarement ennuyeux. Les scènes décrites et les portraits nous transportent dans
un monde dépaysant et politiquement agité au tournant des années 60. Les échos
de la guerre d’Algérie se font entendre. Un soir, au cours d’un dîner
littéraire, les débats virent à l’affrontement
entre invités de gauche et de droite. Conclusion : « Les opinions politiques
des littérateurs sont toujours déraisonnables, plus esthétiques ou morales que
fondées. Pour quel motif logique un écrivain gagne-petit se ferait-il le
champion des possédants ? Poésie pure... »
Pauvre Retailleau ! Le beau
slogan qu’il avait trouvé pour son parti ; cette idée lumineuse dont il
était, à juste titre, si fier ; toutes ces belles affiches semblent d’un
seul coup annoncer un film comique. »La France des honnêtes gens »,
c’était quand même une belle trouvaille ! Cela avait un délicieux
arrière-goût années 50 du plus bel effet. Les « honnêtes gens »
auraient pu figurer dans les Mythologies de
Barthes entre l’Abbé Pierre et la croisade de Poujade contre les intellectuels.
Mais c’est comme ça. Il y a des gens qui n’ont pas de chance. Quoi qu’ils
entreprennent, ils finissent toujours par avoir l’air ridicule.
« Oui. Comme ci-comme
ça » Et elle lui fait ce sourire languide qui vaut bien plus que son corps
nu, un sourire vraiment philosophique, paresseux, amoureux, prêt à tout, même
les après-midi pluvieux, ou sur le quoi bonnet sur la tête, une femme à la
Renoir qui n’a rien d’autre à faire que de venir revoir son ancien amant et le tenter avec des questions sur la
vie. »
Jack Kerouac, Les Anges de la désolation
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Bill Térébenthine |
La pluie cogne sur le velux du
bureau où je me suis réfugié après le diner. Le son se mêle très bien à la
musique. Je n’ai pas grand-chose à raconter. On peut prendre les choses par
n’importe quel côté, c’est vraiment une période désolante. Quand je pense qu’on
posait au désespéré à la fin des années 70. Pour être punk, il fallait avoir une
bonne dose d’énergie et de rêves. S’il faut parfois toucher le fond pour repartir
dans la bonne direction, alors nous sommes bien lancés. Je vois bien que je me
répète, je n’y peux rien. C’est comme se réveiller d’un mauvais rêve et
constater que la réalité est bien pire. Les historiens du futur (s’il y en a
un) trouveront peut-être une explication à cette gigantesque régression qui
semble bien en être à ses débuts.
s’il était possible
de choisir
je préfèrerais
mourir
à la manière
de Godard
au moment
le plus judicieux
avant qu’il ne soit
trop tard
avant de finir
entre les mains
des médecins
je chante cette chanson
parce qu’en ce pays
la législation
est archaïque
je ne sais
pourquoi je songe
à la mort
en cette journée pluvieuse
de septembre