G-0C9MFWP390 Le Carnet de Joe Legloseur

jeudi 7 août 2025

Such A Night


 

Il est 22 :32, comme dit l’horloge de l’ordinateur. Pas de grandes réflexions sur le cours des choses pour aujourd’hui. J’ai un projet de chanson avec des rimes en « ic » comme ironique, flic, y’a un hic, il a un tic, de mystique, fanatique, climato-sceptique. J’écoute un bootleg de Dr Johns enregistré dans un petit club en 1978. La musique, la voix de Dr John, le son du groupe : tout est raccord avec cette soirée un peu moite.

mercredi 6 août 2025

Rythme d'été


 

L’été est là pour de bon (il est un peu long à venir par ici). Le rythme des publications pourrait ralentir, d’autant plus qu’un chantier de peinture (au rouleau, pas des trucs d’artiste) va bientôt démarrer. Mais peut-être que je vais continuer à divaguer tous les jours ou presque simplement parce que je ne peux pas m’empêcher d’écrire n’importe quoi. Si vous êtes un lecteur tombé ici un peu par hasard et que vous pensez revenir, mettez le blog en favoris car si vous cherchez le Carnet avec Google vous ne le trouverez pas facilement. Il n’est pas indexé. Avec les petits moteurs de recherche comme Qwant, ça se passe normalement, mais pas avec le leader mondial des moteurs de recherche. 

mardi 5 août 2025

Plage


 

Pour apprécier pleinement le patio ombragé où vous aimez vous installer au calme afin de savourer la lecture d’un bon livre, rien de tel qu’une visite éclair dans l’enfer d’une plage envahie par une horde de touristes hagards déambulant en plein soleil entre parkings bondés et stands de frites et de glaces. Un petit quart d’heure sera suffisant pour mesurer votre chance et retourner au plus vite pour vous mettre à l’abri pour reprendre votre lecture.

lundi 4 août 2025

Bouchons


 

Le mois d’août commence. Impossible d’ignorer le fameux « chassé-croisé » du week-end, même lorsqu’on ne bouge pas de chez soi. On peut imaginer les longues files de bouchon sur les routes comme dans le traveling du bien nommé Week-end de Jean-Luc Godard (1967). 58 ans plus tard, c’est exactement la même situation, toujours aussi absurde, triste et drôle à force d’être désolante. La différence c’est que Godard dénonçait l’organisation de la société avec l’espoir (un an avant 68) d’assister un jour prochain à sa disparition. En 2025, nous pouvons constater que, comme chantait un groupe visionnaire, « rien n’a changé, tout a continué ». Hey ! Hey !

 

samedi 2 août 2025

Un peu d'histoire



Le roman de Philip Roth se déroule en 2004, l’année de la réélection de George W. Bush qui l’emporta face au démocrate John Kerry. Le soir des élections, Zuckerman se trouve en compagnie de Jamie et Billy, un jeune couple qui a voté Kerry et qui découvre, effondré, le résultat. Voici comment Roth décrit la situation. « Ils avaient beau être intelligents, savoir s’exprimer, et faire preuve de bonne éducation, et Jamie avait beau connaître à fond l’Amérique riche des Républicains et le type d’ignorance que produit le Texas, ils n’avaient pas la moindre idée de ce qu’était la grande masse des Américains, et ils n’avaient jamais perçu si clairement que ce n’étaient pas les gens instruits et cultivés comme eux qui allaient décider du sort de l’Amérique mais les dizaines de millions de gens différents d’eux qui venaient de donner à Bush pour la seconde fois l’occasion, comme l’avait dit Billy, « de ruiner quelque chose de grand ». Qui a dit que l’histoire ne se répétait pas ? Et qui a dit que lorsqu’elle le faisait, c’était sous la forme d’une farce ?

 


vendredi 1 août 2025

FAIRE AVEC

Bill Térébenthine


d’une manière

ou d’une autre

il faut faire avec

l’énorme show

obscène

qui se déroule

partout

tout le temps

 

tu peux éteindre

tous les écrans

couper la radio

éviter les journaux

tu ne peux échapper au monde

des influenceurs fascistoïdes

des poètes TikTok

des rêves totalitaires

des empereurs de la Tech

et des politiciens milliardaires

 

cela ne t’empêchera pas

de marcher sur les trottoirs

en regardant devant toi

sans obstacle visuel

sans téléphone devant les yeux

 

personne ne peux

t’obliger à vivre

selon la loi des zombies

ils n’ont pas encore

trouvé le moyen

de t’empêcher

de rêver

 

jeudi 31 juillet 2025

La dernière aventure de Nathan Zuckerman


 

C’est le dernier volume de la série de romans avec le personnage Nathan Zuckerman, double romanesque de Philip Roth. Dans Exit le fantôme, Zuckerman a quelques années de plus que moi (quatre exactement) et il n’est pas très en forme. C’est un écrivain célèbre qui a choisi de quitter New York pour se retirer dans un coin perdu à l’écart de tout. Je ne sais pas si cela correspondait exactement à sa situation au moment où Roth écrivait ce livre et ce n’est pas très intéressant. Il se méfiait des biographies (je l’ai lu dans un article du New Yorker). Ce qui m’intéresse surtout, c’est la description d’un mode de vie : le retrait à l’écart du monde, la vieillesse qui progresse, la solitude choisie, le sentiment de liberté qui accompagne cet écart. Tout cela est très bien décrit par Philip Roth dans ces pages.

mercredi 30 juillet 2025

L'imprévu et la planification

Photographie : Brigitte Lacombe


L’autre jour sur France Inter, « une voix incontournable de la scène émergente » dont j’ai oublié le nom chantait un refrain qui demandait « pourquoi tout est imprévu dans la vie ? ». Quelques éléments biographiques sont rapidement venus étayer ce constat assez vertigineux. Rencontres improbables débouchant sur des relations qui durent ; choix aléatoires concernant les études, le travail, le lieu d’habitation, etc. Puis j’ai pensé à l’attitude opposée, aux planificateurs, ceux qu’on appelle les control freaks. Philip Roth dresse dans Exit le fantôme le portrait d’un voisin de Zuckerman qui incarne cette approche dans une version radicalisée : il avait entièrement planifié le déroulement de son existence à l’âge de 10 ans en notant dans un cahier ses projets qu’il a méthodiquement réalisés, dans le bon ordre et en les cochant au fur et à mesure. Seule sa mort qui l’a pris par surprise. 

 

mardi 29 juillet 2025

Commencement

 


Bill Térébenthine dit que dans ses dessins et ses peintures, il préfère les débuts, lorsque tout est ouvert, plein de virtualités. C’est un peu la même chose lorsque je lis les premières pages d’un livre et que celui-ci se présente bien. C’est le cas avec Exit le fantôme de Philip Roth. L’ouverture est un modèle du genre, directe, implacable, parfaite. « Je n’étais pas retourné à New York depuis onze ans. A part un bref séjour à Boston afin d’y subir l’ablation de la prostate pour cause de cancer, j’étais, au cours de ces onze années, à peine sorti de mon coin perdu dans les hauteurs des Berkshires et qui plus est, depuis le 11-Septembre, il y a trois ans, j’avais rarement lu un journal ou écouté les nouvelles ». C’est un plaisir de retrouver Roth, son rythme, sa lucidité, son humour. Quand à la question de savoir pourquoi j’ai envie de lire l’histoire d’un homme de 71 ans atteint d’un cancer, j’avoue ne pas avoir d’explication. Il y a quelques années, le sujet m’aurait fait fuir. D’ailleurs, j’avais évité de lire ce roman à sa sortie.