G-0C9MFWP390 Joe Legloseur CARNET

mardi 22 avril 2025

Ligne éditoriale


 « Je n’étudie que ce qui me plaît ; je n’occupe mon esprit que des idées qui m’intéressent. Elles seront utiles ou inutiles, soit à moi, soit aux autres. Le temps amènera ou n’amènera pas les circonstances qui me feront faire de mes acquisitions un emploi profitable. Dans tous les cas, j’aurai eu l’avantage inestimable de ne pas me contrarier, et d’avoir obéi à ma pensée et à mon caractère. » 

Chamfort

lundi 21 avril 2025

La chanson du lundi


Wild Mountain Thyme. Cette chanson folk a accompagné la semaine passée et ce n’est toujours pas terminé. Je l’ai beaucoup sifflée pendant les promenades et chantée en m’accompagnant au piano. Je l’avais entendue en écoutant une playlist « Joan Baez » ; la chanson me disait quelque chose, mais où l’avais-je entendue ? En cherchant un peu j’ai fini par la retrouver sur un album desByrds.

samedi 19 avril 2025

Lu


Sans craindre les anachronismes, on pourrait dire qu’il s’agit d’une sorte de road movie dont l’auteur déclare dès l’incipit qu’il ignore tout des deux personnages principaux, d’où ils viennent, où ils se dirigent et dans que but. Ce narrateur désinvolte intervient d’ailleurs tout au long de cet antiroman pour apostropher directement le lecteur. Les récits racontés par Jacques, son maître ou des personnages rencontrés dans des auberges sont souvent interrompus. Curieusement, ces interventions et ces interruptions narratives ne nuisent pas au plaisir de la lecture. Les autorités de l’époque (pouvoir royal et religieux) ont dû faiblement apprécier l’inversion des rapports de pouvoir entre Jacques et son maître tout comme le souffle de liberté qui traverse le roman.

vendredi 18 avril 2025

Série Noire


 « Lorsque Kells rangea sa voiture dans la quatrième Rue entre Broadway et Hill Street, les réverbères électriques et les enseignes lumineuses commençaient juste à s’allumer. Il entra dans l’immeuble qui faisait le coin, monta au troisième et longea le corridor jusqu’à une fenêtre donnant sur la Cinquième Avenue. Il resta quelques minutes devant la fenêtre à surveiller le va-et-vient sur le trottoir d’en face. Puis il retourna à la voiture. »

Si on me demandait ce que j’ai fait de ma semaine ? A part être assommé par une grippe (ou un covid grippal), j’ai commencé la lecture de A tombeau ouvert, un polar de Paul Cain cité par Manchette comme l’un de ses préférés parmi les classiques de la Série Noire. On comprend vite pourquoi. Le style purement « behavioriste » est ici utilisé avec une grande rigueur. On chercherait en vain la moindre notation psychologique, la moindre évocation des émotions ou de la vie intérieure des personnages. Et c’est très beau.

jeudi 17 avril 2025

Pendant ce temps


 j’ai attrapé un sale truc

avec le nez qui coule

de la fièvre

et envie de dormir

l’après-midi

ce que j’ai fait

j’ai écouté du blues

sur des cassettes

où j’enregistrais des vinyles

qui grattaient

du blues primitif

de prêcheur

hurlant à la lune

et des blues lubriques

chantés par des alcooliques

qui jouent de la guitare

comme le diable en personne

 

on ne m’a fait aucune remarque

on passe tout aux malades

 

samedi 12 avril 2025

Pause


En attendant la reprise, on peut toujours lire les deux Carnets disponibles sur le site des éditions du GFIV.

Extrait de Carnet 1, 2021 :

"Une journée parfaite n’est pas nécessairement une journée exceptionnelle pendant laquelle vous avez rencontré le grand amour et découvert une erreur de la banque en votre faveur. Non, la journée parfaite serait plutôt du côté de la journée banale, sans évènement marquant ni secousse majeure. Le génie de Lou Reed est d’avoir su évoquer le charme indéfinissable de ces moments sans importance (comme une promenade dans un parc en la compagnie d’une personne avec qui on se sent bien). Bien sûr, en dehors des poètes, personne n’a d’intérêt financier à promouvoir le charme de la banalité ordinaire. La manipulation économique du désir repose au contraire sur l’idée selon laquelle votre vie quotidienne n’a aucun intérêt et qu’il existe des expériences plus riches et plus intenses à vivre de l’autre côté du miroir de la société spectaculaire-marchande. C’est ainsi que ça fonctionne depuis les années 60 et il n’y a pas de raisons pour que cela change."  


Les fichier PDF sont téléchargeables ici  et pour le prix imbattable de 0 € ! 




vendredi 11 avril 2025

Un peu d'histoire

 

Le Monde des livres consacre quelques pages aux écrivains américains pris dans la tourmente néo-fasciste. Dans un texte consacré à la propagande trumpiste, l’écrivaine Siri Hustvedt cite un manuel théorique de Goebbles : « L’objectif n’est pas de présenter à l’homme ordinaire des théories aussi variées et contradictoires que possible. L’essence de la propagande ne réside pas dans la variété mais plutôt dans l’énergie et l’opiniâtreté avec lesquelles on assène aux masses une poignée d’idées soigneusement choisies en recourant aux méthodes les plus diverses. » On peut constater qu’il n’y a pas de progrès notable dans le domaine de la stratégie employée. En revanche, les « méthodes les plus diverses » ont considérablement gagné en puissance.


jeudi 10 avril 2025

Le plus important

Bill Térébenthine


Extrait d’un entretien avec Timothy Snyder publié dans la revue Sciences humaines :

"Question : Au début de la première présidence Trump, dans De la tyrannie, vous listiez vingt enseignements que nous lègue le passé pour lutter contre l’avènement d’un régime autoritaire. Lequel vous semble plus important à l’heure actuelle ?

Réponse : Le plus important est le suivant : n’obéissez pas à l’avance. Vous ne pouvez pas résister si vous vous conformez à ce que les autres font attendent de vous sans avoir pris la peine de forger votre propre définition de ce qui est normal et moral. Vous allez vous engager dans cette direction, puis vous justifier de le faire, et là c’est la fin." 

A la limite, dans le but de garder clairement à l’esprit le conseil de Snyder, on peut s’en tenir à une formule simple et concise : « N’obéissez pas ». 



 

mercredi 9 avril 2025

Humour noir

 

A la fin du fort bien titré Derrière les lignes ennemies, dans un dernier entretien de 1993, après avoir expliqué que la mort de Gérard Lebovici l’avait « chagriné », Manchette reconnait avoir été également inconsolable d’avoir « raté » Robert Bresson qu’il a failli écraser alors que le cinéaste traversait le boulevard Henri-IV avec une baguette sous le bras. « Je ne l’ai pas tué parce que je ne l’avais pas reconnu. On me doit les six derniers films de Bresson. » L’entretien, qui se tient dans un hôpital psychiatrique, se termine par cette phrase qui « se comprend de soi-même » : « Je préfère être fou comme je suis que normal comme Pasqua. » (On pourra remplacer le nom de cette canaille par n’importe quel malade au pouvoir qui occupe notre palpitante actualité).