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samedi 8 février 2025

Entendu à la radio

 

Les automobilistes allemands qui roulent en Telsa (enfin ceux qui ne sont pas des admirateurs du nazi le plus riche du monde) collent à l’arrière de leur véhicule un autocollant qui fait un tabac et sur lequel on peut lire « Je l’avais achetée avant qu’Elon devienne fou ». J'ai vérifié sur Internet. L'article existe et il est accompagné de la mention "très demandé". Il n’existe pas de billet d’excuse pour ceux qui sont encore sur le réseau X.

 


vendredi 7 février 2025

Dialogue


 

‒ Bonjour monsieur, c’est pour un sondage.

‒ A quel sujet, le sondage ?

‒ Le sentiment de submersion migratoire. Le ressentez-vous un peu, beaucoup, pas du tout ?

‒ La réponse est oui. J’ai de plus en plus le sentiment d’être submergé.

‒ Merci beaucoup.

‒ Hep ! Attendez ! Je n’ai pas précisé ce qui provoque en moi ce sentiment de submersion. Et il ne s’agit pas du tout de la présence de populations exotiques venues d’ailleurs.

‒ Pardon ?

‒ J’ai le sentiment d’être submergé par les politiciens cyniques qui agitent des pulsions malsaines pour arriver au pouvoir, par les révisionnistes qui veulent en finir avec ce qu’ils appellent le politiquement correct qu’ils assimilent au fait de condamner l’extrême droite, par les réactionnaires qui s’affolent dès qu’on touche à la domination masculine, par les adeptes du déni climatiques qui réclament le droit de s’aveugler et de continuer à détruire la planète comme au bon vieux temps, par les admirateurs du nazi le plus riche du monde, par… 

‒ Merci beaucoup.

‒ Hep ! Attendez ! Ne partez pas ! Je n’ai pas fini. Je viens à peine de commencer !

‒ Excusez-nous. Nous devons interroger d’autres personnes. Bonne journée !

 

jeudi 6 février 2025

Vu


 

Walk the Line de James Mangold (2005)

Pas mal mais un peu long. Comme pour Un parfait inconnu, les passages musicaux sont chantés par l’acteur Joaquin Phoenix et c’est assez réussi. La preuve, on a envie d’écouter Johnny Cash après avoir vu le film. Accessoirement, j’ai inventé un jeu cette nuit. Imagine le biopic hollywoodien tiré de ta vie. Pas besoin d’écrire tout le scénario (sauf éventuellement en cas de nuit blanche). Demande toi seulement quelles scènes et extraits figureraient dans la bande annonce. Prévoir évidemment les chansons qui composent la bande originale.

mercredi 5 février 2025

Une enquête brumeuse

 



J’ai lu les trois quarts d'un roman de Simenon que j’ai choisi pour son titre. Il s’appelle Maigret et le voleur paresseux (1961). Je ne l’ai pas lâché de la journée sauf pour les repas et la promenade du chien. Il s’agit d’un Maigret assez mélancolique. Ils le sont tous, c’est vrai, mais celui-ci l’est particulièrement. Le commissaire est à deux ans de la retraite. Sa hiérarchie est composée de jeunes diplômés issus des bonnes familles qui traitent le vieux commissaire avec une condescendance polie. Ils sont, écrit Simenon, « en quête d’efficacité », pondant dans leur bureau « des plans mirifiques » qui se traduisent « chaque semaine, par de nouveaux règlements. »

mardi 4 février 2025

Un peu d'histoire


 

Dans une interview, David Lynch évoquait un souvenir d’enfance qui l’avait profondément marqué. La scène se passait dans une petite ville américaine des années 50. Le jeune Lynch jouait dans son jardin (son backyard) lorsqu’un copain tout excité a surgi en criant « Tu l’as raté ! ». « J’ai raté quoi ? » a demandé le jeune Lynch. Il s’agissait de la première apparition d’Elvis Presley dans le Ed Sullivan Show de 1956 qui a secoué toute l’Amérique ou presque. Comme il n’y avait pas de magnétoscopes à l'époque, Lynch a dû attendre les années 70 pour pouvoir voir enfin l’émission. Et il ajoute que c’était bien de devoir l’imaginer pendant tout ce temps.

lundi 3 février 2025

Fin et début

 

Sur un parking où j’attendais, j’ai lu les dernières pages de la Montagne magique. La guerre est déclarée. C’est la panique dans le sanatorium. Hans Castorp redescend dans le « pays d’en bas » pour y faire son devoir. On le retrouve avec son bataillon de jeunes soldats se lançant vers l’ennemi dans la boue et sous la mitraille. La description est précise, les détails terribles. Le narrateur nous confie que son personnage a très peu de chance d’en réchapper. C’est pourquoi il choisit de le quitter là et de laisser la suite dans le flou. A la fin d’un tel roman, qui vous a accompagné si longtemps, on reste un peu sonné. Et on se demande quoi lire après. J’ai ouvert Médecine générale de Cadiot mais je ne suis pas entré dans ce doux délire qui m’a semblé assez gratuit. Finalement, j’ai choisi le confort en commençant un Maigret.