dimanche 15 juin 2025
samedi 14 juin 2025
Reportage
Lecture intéressante d’un article de Martin Amis paru en 2016 qu’on peut trouver dans un recueil intitulé La Friction du temps. Dans ce reportage consacré à la campagne électorale menée par celui qui venait de remporter la primaire républicaine et allait accéder à la présidence pour un premier mandat, Amis envisage le cas sous l’angle de la maladie mentale. Il se base principalement, pour établir son diagnostic, sur la lecture des livres signés par le candidat. Après avoir décrit la manière dont l’agent immobilier s’y prenait pour racheter des logements à bas prix, il écrit : « Trump a le nez pour renifler les corps plus assez forts ni agiles pour éviter la prédation. Il a usé de la même tactique avec l’usine à gaz qu’est devenu le Grand Old Party, dont les salariés ne l’ont pas vu venir alors qu’il s’infiltrait parmi eux, et dont aujourd’hui il chevauche les ruines. La question est : peut-il faire la même chose avec la démocratie américaine ? » Vu du point temporel où nous nous situons, nous sommes en mesure de répondre par l’affirmative.
jeudi 12 juin 2025
PUBLICATION
STOP !Le dernier numéro tout nouveau tout frais du magazine du GFIV vient d'être mis en ligne. 20 pages d'art et de littérature pat Jane Sweet, Bill Térébenthine et votre cher Joe. Pour recevoir ce précieux cadeau chez vous il vous suffit de cliquer sur ce lien. Comme par magie, ce numéro apparaitra sur l'écran de votre ordinateur ou de votre téléphone.
Avec Nabokov
Je me souviens avoir commencé par
Lolita sur les conseils d’une fille à
qui je venais de raconter le scénario de ma bande dessinée. J’avais 24 ans, des
projets grandioses, et je travaillais comme veilleur de nuit dans un hôtel pour
payer les pâtes et les cigarettes. Le roman de Nabokov m’avait aidé à tenir
jusqu’au bout de la nuit derrière mon bureau de la réception. J’attendais ce
moment. Et puis il y eut la période Ada
ou l’ardeur qui fut assez longue (le roman est épais et je lis lentement).
J’ai le souvenir d’une narration virtuose d’une liberté folle dans laquelle j’aimais
me perdre. En ce moment, je lis avec un grand plaisir La vraie vie de Sebastian Knight, son premier roman en anglais. Le
récit est une mise en abîme de la situation de Nabokov en tant qu’écrivain au
moment de l’écriture du livre. En gros, le narrateur veut écrire sur Sebastian
Knight, son demi-frère qu’il a peu connu et dont il admire les romans. Nabokov
se plait à mettre en place une machinerie sophistiquée avec extraits des œuvres,
témoignages contradictoires de ceux qui l’ont connu, critique d’une biographie
médiocre et enquête sur les lieux où a vécu le sujet des recherches. C’est
élégant, drôle, brillant, et d’une grande beauté.
mercredi 11 juin 2025
L'éternel retour
Ce matin, après avoir lu un poème
de Carver où il était question d’une araignée, j’ai repensé à celle qui
apparaît régulièrement dans mon évier depuis quelques semaines. Je l’évacue à
chaque fois en faisant couler de l’eau et finit toujours par réapparaitre après
quelques jours. Elle doit s’arrêter au niveau du siphon puis remonter. Mais je
n’ai pas envie de penser aux tuyaux d’évacuation. Je préfère la considérer
comme une apparition, ce qu’elle est lorsque je la découvre immobile à côté de
la cuvette. Je pourrais l’extraire et la libérer dans le jardin. Quelques
verres d’eau et, prise dans un petit tourbillon, elle glisse en douceur dans
les canalisations. Je l’ai revue hier en rentrant des courses. Elle est
intacte. Les séjours dans les profondeurs ne semblent pas lui nuire. J’ai
l’impression qu’un début de complicité s’installe entre nous. Ce n’est pas plus
absurde que de devenir ami avec une IA.
mardi 10 juin 2025
Addiction
C’est plus fort que moi ; je
finis toujours pas en reprendre une dose. Et à chaque fois, je me demande
comment j’ai pu oublier à quel point ce truc pouvait me faire du bien. Je veux
parler du blues. Pas le blues moderne joué par des blancs qui font étalage de
leur dextérité sur le manche d’une guitare. Le blues, le vrai. Celui du début
du vingtième siècle ; le Delta Blues, le blues électrique de Chicago, avec
des prolongements qui vont jusque dans les années 60/70, rarement au-delà de
manière convaincante. Au moment où j’écris ces lignes, je me soigne consciencieusement
avec une compilation concoctée avec amour par Bill Térébenthine (qui a dessiné
la pochette).
lundi 9 juin 2025
Dialogue
— Et les séries ?
— J’en regarde très rarement.
Entre zéro et une par an.
— Tu t’en souviens ?
— La première saison de True Detective, Twin Peaks en commençant par The
Return et, sur les conseils d’un contact à l’époque où j’étais sur
Facebook, The White Lotus. Il y en a
eu d’autres mais j’ai tout oublié.
— C’est le problème avec les
séries. Grosse manipulation émotionnelle dont il ne reste rien. Et la
dernière que tu as vue ?
— La troisième saison de The White Lotus, justement. J’avais
entendu à la radio les critiques en parler de manière blasée, pas de surprises,
rien de nouveaux, etc. Moi, j’ai bien marché. Il y a le thème du bouddhisme (ça
se passe en Thaïlande), un bouddhisme pour touristes occidentaux friqués.
L’intérêt, c’est que l’écriture du scénario, la typologie des personnages et
leur évolution pendant leur séjour dans le club de vacances s’inspire des
principes bouddhistes. Même si le procédé est artificiel, cela donne une sorte
de profondeur à des gens qui ne présentent aucun intérêt en tant que
stéréotypes (un homme d’affaires en burn out, une bourgeoise coincée, des
copines d’âge mûr venue se défouler, un dragueur, masculiniste, une jeune
idéaliste attirée par le monastère, etc.). Et gare à ceux qui ont un mauvais
karma !
— Eh bien ! Présenté ainsi,
ça donne presque envie.
dimanche 8 juin 2025
samedi 7 juin 2025
LES ZONES OBSCURES
Je suis passé à côté
De Nicole Croisille
Et de Lelouch
Je crois que c’est grâce à
Chabada que Pierre Barouh
A pu créer sa maison de disques
Ce n’est pas certain
Il y a des pans entiers
De la réalité
Qui restent obscurs
On pourrait passer le reste
De sa vie
A effectuer des recherches
Sans en faire le tour
Ce n’est pas une raison
Pour ne pas en parler
vendredi 6 juin 2025
Revue de presse
![]() |
Pierre Clémenti et Bulle Ogier dans Les Idoles |
Le Monde titrait sur une « bombe sanitaire ». Le cadmium
est un cancérigène certain pour l’homme. Il est diffusé dans les sols par des
engrais et est présent à des doses importantes dans les aliments les plus
consommés (pain, céréales de petit déjeuner, pommes de terre...). Les médecins
sonnent l’alarme sans effet pour le moment. Les dégâts sont pourtant considérables,
notamment sur les enfants (très forte hausse de cancer du pancréas chez les
très jeunes). La solution ? Obtenir que le gouvernement trouve le temps
s’en occuper et accepte de légiférer. En
pleine période de recul sur les normes écologiques, ce n’est pas le meilleur
moment. En attendant, les petits déjeuners avec céréales à gogo pour les
enfants sont déconseillés. Consommer du bio permettrait de limiter les risques
mais la filière a été marginalisée, comme le souhaitait la FNSEA. Dans le
supplément Livres, nous retenons la
parution des entretiens avec Marc’O (98 ans) aux éditions Allia. Sur le site del’éditeur, on peut lire ceci : « Au fil d’innombrables
rencontres (Boris Vian, André Breton, Guy Debord, Jean Eustache, Jacques Lacan,
Jean-Luc Godard...), L’Art d’en sortir
nous immerge dans l’effervescence d’une époque éprise d’art et de révolution,
qui voulait abolir toutes les frontières : la théorie et la pratique, la scène
et le public. » Ne l’oublions pas.